Histoire : La famille des Thorpe n'aurait jamais pu connaître le bonheur, même avec tous les efforts du monde, et ce dû à la simple naissance de Valerio. Ce jour supposé être heureux où naquirent deux beaux bébés, fut gâché par l'apparition du premier qui, au lieu d'être parfaitement identique à son petit frère de quelques minutes, afficha très rapidement une différence qui aura vite fait de semer le doute et l'inquiétude dans le cœur des parents : la présence d'une marque dans le cou du nouveau né.
On ordonna ce jour-là aux infirmières et à tous ceux qui avaient assisté à la naissance des deux héritiers des Thorpe de garder le secret absolu de ce qu'ils avaient vu. La marque de Valerio fut dissimulée par ses parents, pour une raison qui reste encore aujourd'hui encore très ambiguë : était-ce un geste d'amour, ou simplement un geste de honte et de peur mélangé ? Le petit garçon aujourd'hui devenu grand n'a toujours pas trouvé de réponse à cette question.
L'enfance auprès de Valente était tout de même remplie de bonheur. Ils s'entendaient bien, jouaient ensemble jusqu'à n'en plus finir, ce qui participa à la construction d'un caractère plutôt enjoué et insouciant pour Valerio. Il avait des cheveux longs, comme son frère ; des cheveux qu'on lui avait dit de ne jamais couper car ils agissaient comme un charme pour le protéger de ceux qui lui voulaient du mal. Il n'était pas bête, il savait que c'était une façon plus féerique de décrire la chose. Il savait qu'il s'agissait simplement de cacher cette marque, qui l'identifiait automatiquement comme la bête noire de l'Inquisition et de 70% de la population.
En même temps, comment pouvait-il ne pas savoir ?
Pendant l'adolescence, il se réveillait en sueur en plein milieu de la nuit. Ce qu'il touchait pouvait sentir le brûlé et finissait même parfois par s'enflammer sans crier garde. Avec tout ces symptômes, il n'était pas difficile de voir pourquoi on lui imposait de cacher ce que l'on aurait pu faire passer pour une tâche de naissance dans son cou.
Lorsque ses pouvoirs de mage se manifestèrent cependant de façon plus voyante, l'inquiétude régnait dans la demeure des Thorpe. Valerio grandissant à la fois fasciné et effrayé par ses pouvoirs avait bien compris la situation : il était celui qui prendrait plus tard les rênes de la maison Thorpe, étant le plus âgé des jumeaux. Il ne pouvait décemment pas être un mage. On le destituerait de sa position, et bien pire, on l'enfermerait dans une cage, de laquelle il ne pourrait jamais s'échapper. L'adolescent s'efforça de garder le sourire et cultiva tout de même un intérêt certain pour la magie malgré l'interdiction.
Un jour fatidique cependant, il surprit à l'âge de 13 ans, une conversation entre ses parents et un membre de l'Inquisition. Son sang ne fit qu'un tour lorsqu'il s’aperçut qu'il s'agissait plutôt d'une négociation, au cours de laquelle on échangea une vie contre une vie : l'envoi de Valente à l'Inquisition pour protéger la nature de mage de Valerio.
Ah ça non, avait pensé tout fort l'adolescent avant de rentrer subitement dans la pièce pour protester. Sa colère commença cependant à produite d'inquiétantes étincelles s'échappant de son corps, et on le fit taire, l'envoyant au pays des songes pour éviter qu'il ne cause plus de problèmes. A son réveil, Valente n'était plus là.
La vie sans Valente fut d'un coup bien plus sombre. Valerio pleurait, boudait, et ne vouloir personne autre que son frère. En bon garçon téméraire, il s'échappait souvent pour aller chercher le jumeau qu'il avait perdu. Il essaya d'envoyer des lettres, mais il ne reçut aucune réponse, n'ayant aucune confirmation : était-ce parce que Valente refusait de répondre, ou était-ce parce que son courrier avait été intercepté ? Chacune de ses tentatives était vaine, et il ne renonça pas jusqu'à ce qu'à ce qu'à ses 16 ans, un membre de sa famille lui dise un jour :
« De toute façon, ton frère te déteste maintenant. »
Il réalisa sur ces paroles que c'était probablement vrai. Il entendait parler des traitements des mages par l'Inquisition : surveillance extrême, enfermement, chasses, et parfois même peines de mort. La seule chose que Valerio retira de toutes ces informations, c'était qu'il fallait vraiment haïr les mages pour pouvoir les opprimer de cette façon. Même si l'adolescent tentait de ne pas faire de généralité et de ranger tous les membres de l'inquisition dans le même sac, une chose était sûre, c'était qu'il avait désormais peur de confronter son frère.
La vie reprit son cours, et Valerio dut se faire à la réalité qu'à présent, il était comme fils unique. Il n'avait pas perdu son intérêt pour la magie et essaya en cachette d'apprendre à maîtriser son pouvoir. Il chercha un endroit humide, après avoir presque brûlé une forêt, et ne se rendit dans sa cachette que tard dans la nuit. Il cultiva un sentiment de regret profond, constatant ses maigres progrès chaque soir, et rêva d'une éducation magique, moins rigide que celle de la tour d'Ivoire où autre école d'Hypérion.
Le jour, il s'entraînait à être un bon héritier. Il était plutôt bon, et parfois même très doué dans ce qu'il apprenait, lui ouvrant de nombreuses portes pour choisir un métier. Cependant, il ne s'y retrouvait pas. Il avait la vague impression d'avoir tout mais de n'avoir rien à la fois. Il ne sentait avoir sa place nul part ; il ne savait même pas si une place existait pour lui dans le monde. Sa place était auprès de la magie, il le savait, mais ici, à Hypérion, et surtout dans sa famille, elle n'existait pas, du moins pas de la manière dont il la souhaitait.
Complètement paumé, il s'essaya à plusieurs métiers sans ne jamais être satisfait. Il fuyait son titre comme la peste, conscient que s'il décidait de l'assumer, il n'y aurait plus de marche arrière et il ne se sentirait jamais à sa place. Son avenir avec la magie commençait à devenir flou à son tour, puisqu'il ne savait plus s'il fallait qu'il en ai peur, ou s'il devait s'estimer heureux que l'on lui ait permis d'avoir ce don.
Trop c'était trop. Un soir Valerio écrit une lettre à ses parents, qu'il déposa à leur chevet pendant qu'ils dormaient. Il prépara le nécessaire dans un sac et quitta du haut de ses 27 ans la grande demeure qui lui était promise. C'était pour lui le seul moyen de trouver un chemin qui lui correspondrait bien. Il y en avait ma claque de dissimuler sa magie. Son cerveau bouillonnant, il ne se retourna pas, et c'est ainsi que sa vie de fugitif commença.