Ce RP se déroule fin 1228, lors de l'arrivée de Mircée à Aélius.
- C’est Casalta !
Ce cri t’as échappé, un cri d’enfant émerveillé qui fait sourire les matelots œuvrant sur le pont. Agrippé au garde-corps, tu te penches au-dessus de la mer écumeuse, tout entier tendu vers la silhouette qui se précise de seconde en seconde. C’est bien la capitale aélienne qui se profile, les hautes flèches de ses bâtiments perçant la brume et s’élançant fièrement vers les cieux. Après plusieurs jours de navigation, à longer le désert Surya, Ronan et Nova Aelius, ton voyage touche à sa fin. Bientôt, tu fouleras pour la première fois le sol du continent. Tu en trépignes d’impatience. Il te tarde tant de mettre pied à terre, de découvrir les merveilles de l’empire et surtout, surtout ! de commencer à organiser tes recherches, unique raison pour laquelle tu as quitté Melqart. D’ici le nouvel an, tu as prévu de prendre le temps de t’installer. L’année 1229 te verra principalement alterner des allers-retours entre Casalta et le reste du continent, histoire de visiter, te présenter aux instances concernées, faire un peu de repérage. Ce n’est qu’ensuite que tu passeras aux choses sérieuses. Mais en attendant, tu n’as même pas encore atteint le rivage. Tu dévores la côte des yeux, fasciné par cet inconnu vertigineux qui t’ouvre les bras.
C’est à regret que tu t’arraches à ta contemplation pour retourner dans ta cabine faire tes bagages. Tu en as vite terminé ; tes effets personnels tiennent dans deux sacs. Il faut dire qu’à Melqart, tu ne possédais déjà pas grand chose. De toutes façons, il était hors de question de t’encombrer de quoi que ce soit de superflu puisque tu passeras le plus clair de ton temps en déplacements. Et n'ayant pas les moyens de te payer un pied-à-terre à Casalta, c’est chez ton amie Syanna que tu logeras en attendant.
Syanna… L’idée de la revoir après si longtemps fait de nouveau bondir ton cœur. Son départ pour Aelius fut un coup dur et vos échanges épistolaires une bien maigre consolation. Tu as vécu à distance ses premiers pas dans le monde compliqué de la diplomatie, ses débuts à la cour impériale, ses doutes et ses colères, ses joies et ses peines. À ton tour, tu as partagé avec elle les hauts et les bas de ton apprentissage, les nouvelles du pays, les maigres avancées de tes recherches, tes espoirs et tes désillusions. Dans une heure à peine, vous serez réunis, vous les deux inséparables, Delbray et Khayam, Syanna et Mircée, Mircée et Syanna, Mirsyanna.
La navire accoste enfin, il résonne de voix et de pas précipités, de grincements de bois et de cordages, de claquements de voiles et de cris de mouettes. Chargé de tes quelques biens, tu débarques sur les pavés sales et mouillés du port aélien, traversant l’attroupement de badauds venus voir ce si rare bâtiment melqien qui viens mouiller si loin de chez lui. Tu sens aussitôt les regards s’accrocher à toi, ta peau sombre, tes bijoux étincelants, ton ample et riche tunique de prêtre d’une autre religion. Tu les sens aussi, les questions qui naissent sur les lèvres et se partagent à voix basse, soulevées par la troublante androgynie de ton visage et de tes vêtements. Tu sens tout cela et tu t’en fiches. Tout ce qui t’intéresse, c’est ce nouveau paysage que tu graves au fer rouge dans ton cerveau, ce mélange d’odeurs - mer, fumée, hommes et femmes - et de sons.
Casalta. Enfin.
Tu t’arrêtes pour acheter à une petite vieille dame un poisson grillé dont le fumet à la fois si familier et si exotique t’a mis l’eau à la bouche. Un clocher te renseigne sur l’heure tandis que tu dégustes ton premier repas continental ; tu es légèrement en avance sur ce qui était prévu, la mer était clémente et le vent favorable. Tu la reconnais au premier coup d’œil. Ces cheveux blonds bien ordonnés, cette tenue bien coupés qu’elle porte avec aisance. Elle a gagné en élégance et en maturité, en assurance aussi, tout cela se ressent dans son pas décidé, son port sûr, sa manière de scinder la foule.
- Syanna !
Tu cours à sa rencontre, le cœur énorme de joie dans ta poitrine, ton sourire brille plus fort que les reflets du soleil sur les vagues.
- Syanna ! Par Sora et Naia, que c’est bon de te revoir. Tu es magnifique ! Viens là que je t’embrasse !