Histoire :
THÈME MUSICAL ♦ Medea's Heart ♦ - «
Medea Dircé Rhéa Saltarelli, première enfant de Loris et Dircé Saltarelli. Je vous nomme Impératrice de l'Empire d'Aelius, Reine des Premiers Hommes et Souveraine Sacrée ; sacrée par notre Dieu et votre peuple. »
Voilà dix ans que cette douce enfant est devenue le pilier de notre peuple. Dix ans qu'elle succède à son père et tente d'agir de la meilleure façon qui soit afin de ne pas le décevoir.
Je sais que notre bon Loris a toujours été un exemple pour elle. Parmi les trois enfants que lui et Reine Dircé ont mis au monde, elle était celle représentant le plus de potentiel à ses yeux. Dès son jeune âge, elle aimait jouer à se battre avec des épées en jouet, mener les jeux et avait un réel esprit de meneuse - même si elle était quelque fois trop turbulente, je m'autorisais à la sermonner lorsque cela arrivait. Je respectais la famille Saltarelli de tout mon coeur, m'étant occupé de Medea mais également d'Alfio et de Vorona - durant un temps plus court pour celle-ci, cela dit - mais je ressentais une grande frayeur pour le futur de cette petite. Mon souhait le plus cher était qu'elle ne devienne pas comme son père, froid, arrogant et bien trop tyrannique, ni comme sa mère qui ne cessait de geindre et de venir dorloter ses enfants quand elle avait trop besoin d'amour. Seule à seule, mes discussions avec Dircé pouvaient cependant devenir très enrichissantes, mais les Saltarelli ont toujours eu un don pour l'excentricité, la violence et le dérangement psychologique.
J'étais si heureuse avec cette ambition d'élever Medea du mieux que je pouvais. Chaque soir, je lui brossais les cheveux en lui racontant des récits divins, dont la fameuse mythologie entre Raijin et Chi, la déesse interdite en ces murs. Medea répétait sans cesse ce que ses parents lui dictaient sur sa réputation, mais je tentais de l'amener à une certaine ouverture d'esprit.
- «
Père me dit toujours que Chi est horrible et qu'elle mérite ce que notre Dieu lui a fait. -
Et crois-tu ce qu'il dit ? Qu'est-ce que toi tu en penses, Medea ?-
Mh... Je pense que l'un ou l'autre était destiné à souffrir un jour, de toute façon. À quoi bon lutter quand nous savons que nous allons tous mourir ? »
Ces paroles furent déterminantes et choquantes pour moi. À son jeune âge, Medea avait déjà une certaine réflexion bien trop terrifiante pour une petite fille. Elle avait bien moins peur de la mort qu'une vieille nourrice comme moi. Je ne pouvais faire obstacle dans son destin. Je sentais mon but s'assombrir et s'éloigner chaque jour. Et vint le jour où Vorona naquit, tuant Dircé durant l'accouchement. Une lueur d'espoir s'était installée en moi alors que le deuil pesait au palais d'Améthyste : Medea m'avait promis de s'occuper de sa petite soeur comme une véritable mère d'une lueur incroyable dans ses yeux, inspirant l'espoir. Rien n'était encore perdu, et Alfio restait toujours collé aux chaussettes de son aînée. Je voyais en ces trois têtes violettes un tournant possible après le coeur de glace de Loris.
Or, les choses se sont empirées. Tout arrive pour une raison. Nous ne pouvons modifier ce que les Dieux ont prévu pour nous. Medea, arrivant à l'adolescence, arborait une certaine ouverture d'esprit et ne haïssait pas forcément les mages comme son tendre père. Elle l'aimait plus que tout, mais elle rencontra quelqu'un d'autre qui lui vola son amour. Quelqu'un qui changea le restant de sa vie. Je pense que Medea ne pourra prononcer le mot «
aimer » qu'à son frère désormais. Ma petite a tourné le dos à tous ceux qui tenaient à elle hormis lui. Même à Vorona. Même à moi. Après la mort brutale de l'Empereur Loris peu après les onze ans de la cadette, le véritable changement de celle que j'ai élevé s'est confirmé. Je n'ai rien pu changer. Sa soif de vengeance envers Mukesha, sa froideur familiale, sa soif de sang, d'amour de son peuple et de pouvoir avaient pris le dessus sur tout le reste. Comment ne pas sombrer avec le passé d'un Saltarelli ? J'avais beau connaître les secrets de famille, m'être occupé de ces trois têtes violettes une grande partie de ma vie, Medea me bannit rapidement peu après son couronnement. Une lueur d'humanité s'était peut-être épris de son coeur au moment de sa décision puisqu'elle n'y revint pas dessus et ne m'offrit aucun autre mot. Avant de m'en aller, je ne dis que simplement :
- «
Tu ne ressembles pas à ton père. »