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Pour que nos souvenirs soient heureux [feat Ophelia][TERMINE]

Valerio Thorpe
Pouvoir : Feu
Personnage illustrateur : Luke Fon Fabre - Tales of the Abyss
Messages : 197

Age : 28
Valerio fucking Thorpe





Valerio Thorpe
Valerio fucking Thorpe
Mar 16 Aoû - 22:12
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"Pour que nos souvenirs


soient heureux"
Feat Ophelia.



    La nuit venait juste de tomber sur Fiore. S'il ne s'agissait pas forcément d'une heure avancée de la nuit, il était déjà bien assez tard pour que les parents de Valerio soient partis très loin dans le pays des songes. Le jeune homme avait déposé silencieusement, non sans trembler un petit peu, une lettre à leur chevet. La lettre était plus lourde que la normale ; on pouvait deviner que son contenu ne devait pas se limiter à une simple feuille de papier, mais bien quelques unes. Il n'y eut aucun bruit dans la chambre, si ce n'est les respirations paisibles de la tête de la famille et de son épouse. Valerio observa une dernière fois les visages de ses parents, ces deux êtres pour qui il nourrissait des sentiments très divers. Il resta sur place pendant quelques secondes. Puis il tourna les talons, avant de refermer la porte de sa vie d'avant dans le plus grand des silences.
    Il se mit alors à déambuler discrètement dans les couloirs de la villa. Il fit de son mieux pour ne pas se faire remarquer. Que l'on le voit n'était cependant pas aussi dérangeant que l'on puisse le croire : après tout, en ce moment présent, il était toujours Valerio Thorpe, fils héritier d'une famille noble d'Aelius. Personne ne pensait que ce fils de bonne famille sortait aussi tard pour ne jamais revenir. Tous assumaient qu'il s'en allait pour une promenade nocturne pour une raison qui le regardaient à-lui seul. Aussi était-ce pour cela qu'il n'était pas un problème de le voir ainsi marcher dans les couloirs sous son propre toit. Il était toutefois important de noter que Valerio souhaitait avoir le moins d'interaction que possible, pour ne pas avoir à se justifier, ne pas perdre de temps, et surtout ne pas se laisser submerger par le regret et faire demi-tour. Le jeune homme accéléra ainsi le pas lorsqu'il se retrouvait seul dans les couloirs, jusqu'à atteindre l'extérieur de sa demeure.
    Ce dernier jour, Valerio l'avait passé à faire ses adieux à tout ce qu'il lui importait dans cette villa. Il avait prit une dernière leçon auprès de son maître d'armes, et avait retenu d'importants conseils de ce dernier. Il avait une dernière fois été joué avec des enfants dans la ville et s'était efforcer de tous les faire sourire jusqu'aux oreilles. Il avait aidé une dernière fois les servants dans leur tâche, et avait en échange prit une dernière fois des leçons de cuisine, de couture et autres activités auprès d'eux. Il avait une dernière fait toutes ces activités qui lui donnaient un peu de bonheur dans sa vie, suffisant pour pouvoir sourire, mais malheureusement pas assez pour le rendre heureux. Il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour laisser à ces gens le plus beau souvenir de lui qu'il pouvait donner. Après tout, passé cette nuit, plus personne ne le regarderait de la même manière.

Il lui restait cependant un dernier adieu à faire à cette ville. Celui qui était pour lui le plus important d'entre tous. Le moment de dire adieu à Ophelia.

    La jeune femme était quelqu'un dont Valerio se sentait très proche et pour qui il avait une affection très particulière. Il avait grandi auprès d'elle et avait toujours senti le besoin de la protéger. Aussi loin qu'il se souvenait, elle était quelqu'un rempli de pureté, de gentillesse et d'innocence. Il avait souvent envie de la voir et se rendait parfois en cachette chez elle alors qu'il était sensé suivre ses cours pour passer aussi longtemps que possible à s'amuser. Il voulait lui faire découvrir autant de choses qu'il le pouvait, la protéger des méchants chiens. Avec Ophelia, Valerio ne se sentait jamais rejeté ni différent des autres, et lorsque Valente lui fut enlevé, le plongeant dans un profond désespoir, ces moments d'innocence étaient en parti ce qui avait su lui redonner le sourire. Même si le temps avait fait que ses visites étaient un peu moins fréquentes qu'avant, ces sentiments ne s'étaient pas tari avec l'âge, et il éprouvait toujours une immense joie de voir sa cousine. Il sentait en lui son cœur se serrer, puis se briser à l'idée de dire au revoir à une personne aussi précieuse pour lui. Il ne savait pas quand il allait la revoir, s'il allait pouvoir la revoir. Il avait peur de faire des promesses dans le vent. Il avait peur de ce qui pourrait lui arriver à son départ. Il avait peur de lui faire du mal. Et plus que tout, il avait peur qu'elle le déteste.
    Les jambes du jeune homme tremblaient un peu. Il s'efforça de marcher d'un pas assuré pour ne pas se laisser emporter par le flot des regrets. Lorsqu'il arriva à la demeure d'Ophelia, il resta figé un instant en regardant la bâtisse. Il repéra la fenêtre de la jeune femme et hésita quelques secondes. Il ravala sa salive, puis ferma les yeux. Son cœur battait à une vitesse folle. Il n'avait pas envie. Vraiment, vraiment pas envie. Il se sentait déjà submergé par le regret. Il essaya de penser à tout ce qui le motivait, mais rien n'en fut. Son cœur battait toujours aussi vite. Dire au revoir à sa cousine bien aimée était véritablement l'adieu le plus difficile qu'il ait eût à faire de sa vie jusqu'à présent.
Quelques secondes supplémentaires passèrent avant que Valerio ne réussisse à neutraliser ses tremblements. Il s'efforça d'afficher sur son visage, une expression autre que celle de la peur et du regret. Il ne put pas afficher un sourire radieux, cependant il arriva tout de même à étirer légèrement ses lèvres. Il n'avait pas le droit d'être triste. C'était sa décision. Montrer à Ophelia qu'il regrettait de partir allait sûrement la blesser plus qu'autre chose.
    Le rouquin escalada alors les murs de la bâtisse pour atteindre le balcon de sa cousine. Il ne souhaitait pas attirer le regard en entrant par la porte d'entrée. Après tout, il se faisait tard, et même si le jeune homme ne rechignerait pas à discuter un peu avec son oncle et sa tante une dernière fois, le temps était compté, et il se sentirait comme un voleur de partir en plein milieu de la nuit et d'abuser de leur hospitalité. Lorsqu'il atteint le balcon, le jeune homme s'approcha de la vitre de la fenêtre et souffla dessus pour créer de la buée. Il dessina vite une petite tête qui souris avec son doigt avant de toquer à la fenêtre. Le jeune homme était désormais un peu plus calme. Il ne tremblait plus. Son cœur battait toujours, mais il réussit néanmoins à dissimuler son inquiétude. Il attendit patiemment à la fenêtre et se décida après avoir toqué à refaire de la buée pour cette fois écrire « Coucou Ophee ».
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Mer 17 Aoû - 3:44

Pour que nos souvenirs soient heureux.

Il y avait déjà quelques heures que le sommeil aurait dû la prendre, lui qui semblait pourtant l’abandonner cette soirée-là. Elle avait rejoint les draps de satin de son lit en baldaquin, avait caressé quelques instants son keltir qui s’était logé contre elle par-dessus les couvertures, puis avait fermé les yeux, bercée par la brise d’été qui entrait par les portes ouvertes de son balcon. Malgré le silence qui régnait désormais dans la demeure endormie, l’esprit de la jeune noble ne semblait vouloir trouver le repos. Il vagabondait quelque part entre ses souvenirs d’enfance et ses nouvelles craintes. Elle s’était retournée quelques fois dans son lit avant de capituler, posant ses pieds nus sur le plancher de bois franc sans toutefois savoir où les guider.

La robe de nuit de soie blanche vint frôler les chevilles d’Ophelia, qui frissonna sous l’air frais de la nuit déjà bien entamée. Par petits pas, elle rejoignit les grandes portes vitrées et les referma doucement, prenant un instant pour observer la pleine lune qui baignait le jardin d’un halo d’argent. Quelque chose dans l’air semblait la rendre fébrile, la faisait marcher sur la pointe des pieds, gardait ses grands yeux vert de gris ouverts. Elle arpenta sa chambre aux proportions enviables un instant, envisageant de se rendre aux cuisines pour s’y faire un lait chaud, ou du moins de quoi qui lui permettrait de s’assoupir finalement. En passant devant sa coiffeuse, cependant, un courant d’air vint porter à ses pieds l’enveloppe jaunie qui y reposait, le nom « Valerio Thorpe » aux grandes lettres cursives en ornant l’endos.

Ophelia se pencha, ramassant avec délicatesse le bout de papier, un petit sourire nostalgique étirant ses lèvres. En cherchant l’un de ses rubans dans ses tiroirs, ses doigts étaient plutôt tombés sur le vieux papier de la correspondance, qui devait bien dater de dix ans déjà. Elle ignorait comment la lettre avait bien pu être égarée, puisqu’elle gardait tous ses souvenirs précieux dans des boîtes, autant que possible à l’abri du ravage du temps. S’installant devant le grand miroir, elle ouvrit avec attention l’enveloppe, en sortant une lettre dont l’usure semblait due davantage à de nombreuses relectures. L’encre, semi effacée par endroit, remplissait la page agrémenté de dessins en marge, des petits mots qui firent rire la jeune femme, même après l’avoir lu à maintes reprises au cours de ces dernières années. Prise d’une idée soudaine, elle posa la lettre et se leva, se dirigeant vers les boîtes colorées qui se cachaient derrière l’un des rideaux tirés de ses grandes fenêtres et s’emparant de l’une d’entre elles pour l’apporter à sa coiffeuse, s’y installant de nouveau.

Allumant une bougie pour faire reculer la pénombre, elle ouvrit le couvercle de sa boîte aux trésors. Sous les peluches, les jouets usés et une boîte à musique qu’elle posa sur le coin de son petit bureau, en partant la mélodie qui se mit à résonner avec clarté dans la pièce, elle retrouva les nombreuses lettres qu’elle avait reçues, les posant doucement sur le meuble dans une pile précaire avant de remettre la boîte au sol. Elle parcourut les enveloppes des yeux, puis se mit à les feuilleter une à une, en écartant certaines pour en lire d’autres. Sous sa chaise, ses jambes croisées se balançaient inconsciemment alors que ses yeux restaient rivés sur sa lecture, s’égaillant lorsqu’elle riait d’un passage ou souriait tendrement au souvenir qu’amenait avec elle l’une des correspondances. Certaines venaient de ses parents, lorsqu’ils avaient dû s’absenter de leur demeure pour une raison ou une autre; d’autres, encore, lui apportaient des nouvelles vieilles de dix ans sur la nouvelle de vie de domestiques ayant pris soin d’elle auparavant; finalement, parmi ses rares amis, ses deux cousins étaient ceux qui avaient été le plus présents, que ce soit en personne ou à distance.

Une lettre de Valente lui tomba entre les mains, et un pincement au cœur vint accompagner sa mélancolie. Comparée à celle de son frère, elle était bien plus sobre, moins chaleureuse, plus impersonnelle; et pourtant, elle n’avait jamais douté de l’affection qu’il lui portait, un amour qu’elle lui rendait de bon cœur. Seulement, avec le secret de son don, avec son début dans l’inquisition, les correspondances étaient devenues peu à peu l’un des seuls moyens d’avoir de ses nouvelles, et même elles avaient diminué en nombre et en longueur. La dernière faisait à peine une demi-page, probablement une formalité rédigée entre deux captures de mage. Une pensée qui lui serra la poitrine.
Soudainement, un cognement à sa vitre la fit sursauter, la lettre s’échappant de ses mains pour glisser sur le sol, hors de sa portée. Son attention se tourna cependant vers les grandes portes où, dans une buée à l’origine inexpliquée, un bonhomme sourire se dessinait. Le temps qu’elle réalise la personne qui la saluait ainsi, son visage s’illuminant, « Coucou Ophee » était venu accompagner le dessin. Sautant sur ses pieds, elle se précipita vers l’entrée vitrée qu’elle ouvrit rapidement, s’élançant sans plus de retenue au cou du visiteur dès qu’elle aperçut sa chevelure rousse.

« Valou !! »

Aux yeux de la cour, Ophelia était une jeune noble exemplaire, à la fois adorable et mature; une réalité qui ne s’appliquait pas en présence de ses cousins. Le surnom était enfantin, un peu ridicule, mais elle ne l’abandonnerait pour rien au monde, tout comme la mention de son sobriquet, « Ophee », faisait bondir de joie son petit cœur. Lorsqu’elle s’éloigna enfin de Valerio, elle bondissait presque sur place, trop heureuse de le voir pour songer à retrouver son calme. Elle lui prit les mains, qu’elle découvrit agréablement chaudes contre les siennes, et sans le forcer, tira cependant légèrement vers la porte ouverte, cherchant à se protéger de l’air frais.

« Entre, je t’en prie! Je ne t’attendais certainement pas à une telle heure. »

Ce n’était pas la première fois que son cousin prenait une autre entrée que celle principale; elle se sentait retomber en enfance. Cette soirée se prêtait bien à la mélancolie, semblait-il. Quelque chose semblait clocher, cependant; elle n'aurait pu dire quoi, dans la scène, l'expression de Valério, ses gestes, n'étaient pas comme ils devraient être. Peut-être était-ce la fatigue, ou la nostalgie qui déteignait sur la réalité.

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Valerio Thorpe
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Valerio Thorpe
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Jeu 18 Aoû - 0:46

    Lorsqu'Ophelia lui sauta au cou, l'inquiétude de Valerio se remplaça par une joie indescriptible. Il ne put s'empêcher d'afficher un sourire qui s'étira jusqu'à ses oreilles, heureux de revoir cette personne qui comptait tant pour lui. Il serra la jeune fille contre lui avant de la relâcher. Comme à chaque fois, Ophelia était l'incarnation même de l'énergie positive. Surexcitée comme jamais, elle sautillait partout, et transférait sa joie et sa bonne humeur aux autres sans même essayer. Le jeune homme souris tendrement en la voyant ainsi s'agiter, mais ne put cacher l'ombre de la tristesse qui résidait dans ses yeux. Il les ferma quelques secondes, se laissant entraîner par la blondinette. Il dit d'une voix douce :

« Oui. Je suis désolé, j'espère que je ne te dérange pas et que je ne t'ai pas réveillée. Mais je tenais absolument à te voir. »

    Valerio entra dans la chambre de la jeune femme avec cette dernière. La chambre d'Ophelia lui avait toujours évoqué une représentation parfaite de son occupante. Une grande pièce qui renfermait de nombreux souvenirs rempli d'amour, une pièce aussi grande que son cœur. Malgré la pénombre la proéminence de couleur blanche dans la chambre lui évoquait la pureté du cœur de sa cousine, et les touches d'autres couleurs très vivantes dispersées aux quatre coins de la chambre, elles, lui évoquaient son caractère pétillant et plein de vie. Il lui lâcha enfin ses mains pour pouvoir s'aventurer un peu plus loin dans la chambre. Il tendit l'oreille et put entendre la douce mélodie de la boîte à musique de la jeune femme. Ces simples notes suffirent pour que les souvenirs de Valerio affluent dans son esprit, tel une rivière.
    Le jeune homme pensa aux nombreuses années qui avaient passé depuis qu'il avait mit un premier pied dans cette chambre. Il était accompagné de son frère à cette époque-là. Il se souvenait de ce jour comme si c'était hier. Son front et le mur s'en souvenaient aussi. En bon gamin surexcité, il s'était précipité sur le lit d'Ophelia, en y voyant là un potentiel énorme pour être le meilleur trampoline que la terre n'ait jamais connue. Il l'avait escaladé et s'était mis à sauter, essayant d'entraîner la petite Ophelia de l'époque et son frère, pas forcément emballé par l'idée, dessus. Cet événement s'était finalement soldé par Valerio, sautant dans la mauvaise direction et atterrir la tête la première contre le mur, y laissant une marque bien visible. Il était inutile de préciser que le gamin avait fait face à quelques réprimandes. Il laissa s'échapper un léger rire en se remémorant cet événement. Cependant il ne s'approcha pas du mur qu'il avait un jour cogné pour voir si la marque était toujours présente : il ignora cette marque du passé, pour ne pas se laisser coincer par ses émotions.
    Le rouquin regarda autour de lui avec mélancolie et fini par poser les yeux sur la coiffeuse d'Ophelia. Il s'approcha avec curiosité du meuble, discernant petit à petit ce qui lui semblait être un tas de feuilles de papier, visiblement assez vielles pour être plus jaunes que de coutume. Quand il fut assez proche pour que la lumière produite par la bougie soit suffisante pour lui permettre de distinguer précisément ce dont il s'agissait, il fut surpris de trouver de vielles lettres. Parmi elles, il repéra son écriture et s'empara d'une, avant de rougir légèrement d’embrassement. Il se gratta la tête.

« Mon dieu que c'est...embarrassant » dit-il en rigolant doucement « Tu es sûre que tu ne t'ennuie pas à relire tout ça ? »

    Il marqua une pause en reportant son regard sur la lettre et souris légèrement.

« Oh, tu sais qu'il faut toujours que tu me montre comment faire des animaux en papier ? J'ai vraiment jamais été habile avec ça. »

    ''Quelle manière très gênante d'essayer de dériver la conversation de l'endroit où tu voulais l'amener, bien joué Valerio'', pensa le rouquin dans sa tête. Quel imbécile il faisait. Si Ophelia n'était pas présente dans la pièce, il se serait bien collé une bonne grosse baffe en pleine figure.
    Il reposa délicatement la lettre sur la coiffeuse en voyant ce qui ressemblait visiblement à une autre lettre sur le sol. Il se pencha en avant pour la ramasser, et sentit son cœur se serrer en la retournant. Il ne la lit pas. Ce n'était pas son courrier. Cependant il reconnut l'écriture. Elle avait un peu changé depuis le temps. Aucune erreur, c'était l'écriture de Valente. Et cela suffit au jeune homme pour être ramené à la réalité. Il n'était pas là pour jouer. Il n'était pas là pour passer du temps avec une personne importante. Il venait annoncer le cœur serré qu'il devait s'en aller. Et il devait annoncer les raisons de son départ si soudain. Son cœur, qui s'était calmé grâce à la joie qu'il avait d'être ici, se remit à battre.

« Non. Pardon. Je ne suis pas là pour ça. »

    Ses mains se mirent à trembler légèrement. Il se sépara de la lettre entre ses mains et releva les yeux vers Ophelia. Il s'approcha d'elle silencieusement et prit ses mains dans les siennes. Il les regarda tout en caressant doucement, comme s'il cherchait à éviter le regard de la jeune femme encore un peu. Ce regard joyeux, pétillant et si gentil qui ne cessait de le faire sourire chaque jour. Il ne voulait pas, absolument pas le changer. Il voulait le laisser intact, ne pas toucher à cette innocence qu'Ophelia dégageait. Mais il le devait. Il ne pouvait pas s'enfuir sans dire mot. Il ne pouvait pas lui faire ça. Elle ne le méritait pas. Et il ne voulait rien lui cacher. Il n'avait jamais voulu rien lui cacher.

« J'aimerais pouvoir rester ici pour toujours, et passer tout ce temps avec toi. Rigoler, s'amuser, ne rien faire et quand même être heureux juste parce qu'on passe du temps ensemble. »

    Il marqua une courte pause.

« Mais je ne peux pas. » dit-il faiblement.

    Dans une inspiration tremblante, il releva ses yeux pour les plonger dans ceux d'Ophelia. Il prit son courage à deux mains, et s'efforça de ne pas garder ses mots dans la gorge.

« Je vais devoir m'en aller...et je ne suis pas sûr de pouvoir revenir aussi facilement que de coutume. Je risque de ne plus être le bienvenu. »

    Sa voix mourut sur ses dernières paroles. Il sentit une boule se former dans sa gorge. Il ne pouvait plus parler pour le moment. Il garda ses yeux dans ceux de la jeune femme. Il angoissait de voir sa réaction. Cette nouvelle, venue comme ça sans prévenir...il avait peur de sa réaction. Extrêmement peur. Il ne put s'empêcher de trembler légèrement une fois de plus.
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Ven 19 Aoû - 4:02


« Oui. Je suis désolé, j'espère que je ne te dérange pas et que je ne t'ai pas réveillée. Mais je tenais absolument à te voir. »

Valerio lui avait rendu son étreinte, répondant d’un sourire éclatant au bonheur manifeste d’Ophelia. Pour la jeune noble, son cousin était une véritable lumière, apportant des couleurs vives aux journées de solitude. L’optimisme et l’enthousiasme étaient quelque chose qu’elle avait appris de lui, et dans le monde froid et impitoyable de la noblesse, il était le seul qui parvenait à comprendre les sentiments d’autrui. Pour Ophelia, il était un modèle, celui à qui elle pensait lorsque les journées devenaient difficiles, les soirées mondaines éreintantes, l’isolement insupportable : tout comme lui, elle devait être forte, patiente, compréhensive, déterminée. Valerio lui avait montré que le monde était vaste, captivant, rempli de merveilles dont elle n’avait vues qu’une fraction. Tout comme il avait toujours été là pour elle, elle voulait devenir une femme à sa hauteur, qui serait en mesure de le soutenir lorsque, à son tour, il aurait besoin de quelqu’un sur qui compter, pour lui rappeler toutes les beautés d’un monde qui semblait parfois nous abandonner.

Peut-être cette fois-ci était-elle l’une de ces occasions. Le ton de voix doucereux, le regard émeraude assombri par une touche de tristesse, ce dernier dissimulé dans une expression presque douloureuse; la joie de vivre pétillante du jeune homme semblait s’être amenuisée, cette nuit-là. Ophelia en ignorait la raison, mais un brin d’inquiétude vint se loger dans son ventre, amenant avec lui un pressentiment qu’elle tenta d’ignorer. Ce n’était pas la première fois que son cousin semblait aussi incertain en sa présence, bien qu’il eut toujours fait de son mieux pour ne pas causer d’inquiétude à sa cousine. Cette dernière, impuissante quant aux réelles causes, l’avait toujours aidé comme elle le pouvait : en lui changeant les idées, en le faisant rire, en lui rappelant qu’il était aimé. Cette fois-ci serait identique, se convainquit-t-elle. Elle ne saurait probablement jamais les causes, mais ils s’installeraient dans sa chambre, elle lui parlerait des anciennes lettres qu’elle avait feuilleté, le taquinerait sur ses dessins maladroits qu’elle adorait tant, lui rappellerait quelques souvenirs embarrassants, regarderait avec lui les étoiles en se défiant l’un l’autre de trouver le plus de constellations possibles, réelles ou non. Ainsi, quand il repartirait, ce serait le cœur léger, et elle serait capable de supporter encore une autre semaine entre ces murs, à attendre des nouvelles de son futur mariage avec un fiancé qu’elle ne connaissait pas.
Ainsi, tout serait pour le mieux, n’est-ce pas?

Entraînés par Ophelia, ils entrèrent dans la chambre, laissant derrière eux les portes vitrées ouvertes, les rideaux se balançant doucement au rythme de la brise. La jeune noble laissa aller les mains de Valerio qui se mit à arpenter la pièce, riant en se remémorant l’histoire du trou qui ornait maintenant, de manière à peine perceptible, le mur surplombant son lit. La jeune femme avait préféré ne pas cacher le résultat de l’entreprise périlleuse du gamin, laissant une trace physique dans cet univers trop souvent en changement. La mélancolie semblait avoir atteint le jeune homme également, qui sans  s’attarder, glissait cependant son regard sur les divers objets ornant la chambre, jusqu’à ce que la pile insolite ornant la coiffeuse attire son regard. D’un geste souple, il se rendit jusqu’au bureau, s’empara de la lettre qu’il avait écrit plus jeune, puis il rougit d’embarras. Le voyant se gratter la tête¬ dans un geste qui traduisait chez lui sa gêne, Ophelia porta une main à ses lèvres, un léger rire lui échappant à son tour.

« Mon dieu que c'est...embarrassant. Tu es sûre que tu ne t'ennuie pas à relire tout ça ? »

Un doux sourire aux lèvres, elle secoua la tête, son regard trahissant toute la tendresse que lui inspiraient ces souvenirs.

« Oh, tu sais qu'il faut toujours que tu me montre comment faire des animaux en papier ? J'ai vraiment jamais été habile avec ça. »

Le sourire de la jeune femme s’accentua, et elle se déplaça d’un pas léger vers la coiffeuse alors que Valerio faisait lui-même quelques pas vers la lettre qui traînait au pied du lit. Ophelia ouvrit la bouche, prête à rassurer son cousin sur ses capacités artistiques qui, bien que non comparables à sa cadette, n’étaient pas si terribles; au moins, personne ne pouvait dire qu’il manquait d’imagination. Seulement, elle s’arrêta nette lorsqu’elle vit l’expression sombre du rouquin qui mit de lui-même fin à ce sujet de discussion.

« Non. Pardon. Je ne suis pas là pour ça. »

Doucement, le sourire de la jeune noble disparu, ses yeux s’écartant légèrement dans une expression d’incompréhension. À l’arrière de son esprit, son appréhension s’insinua dans ses pensées à nouveau, l’inquiétude la prenant à la gorge. Cette soirée aurait dû être comme toutes les autres, et pourtant…
Valerio s’approcha et lui prit les mains doucement, trop doucement, comme s’il avait peur de la briser avec ses paroles ou ses gestes, évitant son regard. Les caresses ne firent rien pour calmer le rythme de son cœur qui se gonflait douloureusement, au contraire.

« J'aimerais pouvoir rester ici pour toujours, et passer tout ce temps avec toi. Rigoler, s'amuser, ne rien faire et quand même être heureux juste parce qu'on passe du temps ensemble. »

Elle aurait aimé l’arrêter à ces paroles, le forcer à la regarder et lui dire que c’était possible, qu’il n’avait qu’à rester, que ses parents le logeraient sans problème s’il y avait un problème chez lui, que peu importe le reste, elle serait toujours à ses côtés pour que tout aille pour le mieux. Elle aurait voulu lui dire que lui aussi, avait le droit d’être heureux, d’être aimé, le rassurer, et se rassurer elle-même qu’il serait toujours près, et toujours le cousin joyeux et enthousiaste qu’elle connaissait. Cependant, les mots restèrent pris dans sa gorge, la privant de sa voix.

« Mais je ne peux pas. »

La voix était si faible, si abattue, qu’Ophelia ne put s’empêcher de ressentir elle-même la douleur qui s'y devinait. Les yeux émeraude qui croisèrent les siens, si plein de regrets et de souffrance, lui donnèrent l’impression qu’on lui avait transpercé la poitrine. Son cousin était en détresse, et elle ne savait que faire, ignorait comment le libérer de ce qui l’affligeait bien, et ça la torturait bien plus que n’importe quelle menace physique.

« Je vais devoir m'en aller...et je ne suis pas sûr de pouvoir revenir aussi facilement que de coutume. Je risque de ne plus être le bienvenu. »

L’expression de la jeune noble se décomposa, son regard exprimant toute l’incompréhension et la tristesse d’une telle éventualité. Elle se refusa de réfléchir au départ que le jeune homme mentionnait, à l’éventualité de ne pouvoir le revoir; autrement, elle avait la sensation qu’elle serait avalée par le gouffre qu’elle sentait s’ouvrir sous ses pieds. Elle avait toujours souhaité pouvoir être là pour le rouquin, lorsqu’il aurait besoin d’elle à son tour, et c’était maintenant le moment. Elle se devait d’être forte pour lui. Il ne pouvait tout simplement pas partir. Il avait une vie ici, une famille, des gens qu’il l’aimait. Tout irait bien. Il avait probablement fait une énorme erreur, et croyait qu’on voudrait le chasser. C’était probablement un malentendu. Jamais l’héritier des Thorpe ne serait chasser de sa demeure, peu importe la raison. Tout irait bien, se répéta-t-elle.
Elle serra ses mains dans les siennes, les ramena contre elle, son regard se remplissant d’une détermination nouvelle, sans qu’elle ne sourie toutefois, ne voulant pas manquer de respect à son cousin qui considérait visiblement la situation comme très grave. Elle ignora l’inquiétude et la panique, se voulant rassurante, bien qu’elle soit un peu trop agitée pour paraître parfaitement naturelle.

« Et si tu commençais par m’expliquer ce qui s’est passé? Si tu as besoin de rester chez moi un moment, je peux m’arranger avec mes parents sans problème. Tu sais qu’ils t’aiment comme leur propre fils. »

Elle ponctua ses paroles d’une pression rassurante sur ses mains. Sa voix était calme, claire, apaisante. Elle parvint à se convaincre elle-même, assez pour retrouver son calme.

« La famille au complet t’aime, et ne serait pas capable de t’en vouloir vraiment. Tu n’as pas besoin de parler de partir. »

Ophelia savait pertinemment qu’un jour, Valerio ne pourrait plus se faufiler ainsi par son balcon pour venir jouer avec elle jusqu’aux petites heures du matin. Ils étaient tous deux enfants de nobles, appelés à s’occuper de lourdes responsabilités, et auraient moins de temps à se consacrer l'un l'autre. Mais pas tout de suite. Pas ainsi.
Mais tout irait bien. Si elle y croyait assez fort, peut-être que cela deviendrait réalité.

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Valerio Thorpe
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Valerio Thorpe
Valerio fucking Thorpe
Sam 20 Aoû - 2:59

    Valerio n'avait pas quitté Ophelia du regard. Il était pendu à ses lèvres, attendant sa réaction avec appréhension. Quand il vit l'expression de la jeune femme changer, son cœur se brisa en mille morceaux. Il se retint de se mordre la lèvre inférieur. La voir avec une expression décomposée comme celle-là lui faisait l'effet d'une baffe en plein visage. Il avait l'impression de l'abandonner. En un sens, c'était ce qu'il faisait. Il voulait revenir. Il voulait être capable de la revoir. Mais de façon réaliste, il savait que ce ne serait peut-être pas possible. Ses mains restèrent dans les siennes comme si elles ne pouvaient pas s'en détacher. Il laissa cependant la blondinette les ramener contre elle, ne bougeant pas ses yeux. Il l'écouta d'une oreille attentive. Il caressa de nouveau ses mains pour tenter de calmer son agitation ne serait-ce qu'un peu.
    Voir la jeune femme être si optimiste, du moins autant qu'elle le pouvait, arracha un doux sourire à Valerio. Un sourire triste mais un sourire quand même. C'était vrai. Aussi loin qu'il se souvienne, il s'était toujours bien entendu avec son oncle et sa tante. Bien qu'éloignés dans l'arbre généalogique, il s'était toujours sentit proche d'eux. Deux parents aimants, qui avaient de façon évidente, transmis leur bonté et leur gentillesse à leur fille. N'étant pas du genre à se confier facilement, il ne leur avait jamais fait part des raisons précises pour lesquelles il était parfois tracassé. Mais ils n'avaient jamais posé de question et s'étaient contenté de lui sourire avec bienveillance. Ils avaient toujours respecté l'espace privé de son cœur et ne posaient jamais de questions. Ils l'avaient accepté tel qu'il était, tout comme Ophelia l'avait fait. Ces gens-là lui donnaient envie de rester. Plus il y pensait, et plus son corps s'arrêtait de trembler. Il relâcha la pression.
    Puis il se rendit compte qu'il s'abandonnait petit à petit au désir de vouloir rester. La véritable épreuve était là. Comment résister aussi durement à cette partie de sa vie qui était si douce ? Comment pouvait-il mettre de côté tout ceci, avec ces gens qui avaient été là pour lui et lui avaient apporté du bonheur ? Toutes ces questions ressurgissaient dans sa tête. Ce n'était pas la première fois qu'il se les posait. Il y avait mûrement réfléchi avant de prendre la décision de partir. Tout ce qu'il devait faire, c'était penser aux raisons pour lesquelles il avait pris ses décisions. Après tout, comme l'avait proposé la jeune femme, il devrait lui expliquer qu'est-ce qu'il s'était passé. Ce qu'il s'était passé dans sa tête, plus précisément.
    Les paroles suivantes d'Ophelia suffirent à balayer son envie de rester. Pas complètement bien entendu, après tout la raison principale pour laquelle il ne souhaitait pas partir était juste devant lui, il était difficile de l'ignorer. Mais lorsqu'elle fit mention de l'amour de tous envers Valerio, la tristesse revint dans son regard, plus vive que jamais. C'était décidément le point sensible du sujet. L'amour de sa famille il l'avait. Il savait très bien qu'il était apprécié de beaucoup, et pas seulement de sa famille. Mais il était assez vieux pour aussi comprendre que beaucoup d'entre eux n'étaient faits que de faux semblants. De l'hypocrisie partout, que ce soit en à son égard ou à celle de l'impératrice...et surtout, des gens qui ignoraient une grosse partie de lui, un détail important qui était sûr de diviser les avis, et capable de changer le regard d'une personne en un éclair.

« Au complet ? J'aimerais que ce soit vrai. » dit-il en murmurant.

    Il ferma les yeux quelques instants, comme s'il cherchait à arrêter le temps pour pouvoir profiter un peu plus de l'instant présent. Bientôt il lui aurait tout dit, et il n'avait aucune idée de la manière dont elle pouvait réagir. Il avait une confiance absolue en elle. Il savait pertinemment qu'elle ne le rejetterai pas d'un coup. Pas après toutes ces années. Du moins il voulait y croire. Aussi fermement que possible. Il rouvrit ses yeux et reprit d'une voix plus calme, légèrement plus détendu :

« D'accord. Je vais tout te dire. Je suis aussi venu pour cela à la base. »

    Il resta silencieux quelques secondes et fini par doucement lâcher les mains de la demoiselle. Il se dirigea par la suite vers la bougie qui illuminait la pièce. Il la saisit avec une main. Son regard se reposa par la suite sur Ophelia, puis Valerio se dirigea vers son lit, s'asseyant dessus et faisant signe à la jeune femme de venir s'installer auprès de lui. La lumière de la petite flamme sur la bougie éclaira le visage du rouquin qui affichait un léger sourire, toujours empli d'une certaine mélancolie.

« Désolé, je ne pense pas que je pourrai raconter mon histoire sous les draps cette fois. Je risquerais de le brûler avec le feu de la bougie. »

    Il rigola doucement à cette remarque. Il repensa aux nuits où il était resté chez sa cousine, et s'était faufilé dans sa chambre en douce pour pouvoir lui raconter des tas d'histoires. Valerio avait toujours été un garçon créatif, et ses histoires n'avaient de limite que son imagination débordante. Allant de simples histoires sur des événements incroyables aux plus banals, les histoires qu'il préférait raconter était les histoires qui faisaient peur. Il aimait raconter tout ce qui lui passait par la tête, et se servait souvent de ses mains pour créer des ombres sur les murs et raconter une histoire en images. Il considérait cela comme étant une des meilleures manières de s'exprimer, et d'illustrer ses histoire. Ce soir là, il voulait faire pareil. Mais cette fois, cette histoire était bien plus réelle. Bien plus effrayante à un autre degré.
Son cœur accéléra à la pensée de devoir tout lui raconter.

« Tout ce que je vais te raconter, je ne l'aurai jamais raconté qu'à toi. Promet-moi juste que, quoi que tu apprennes, alors tu ne cacheras pas tes émotions. Quoi que tu apprennes, je veux que tu sois la plus honnête possible, que si tu dois me détester tu me déteste. Que si tu dois me soutenir tu me montre que tu veux me soutenir. Si tu souhaites me donner une bonne correction que tu le fasse. C'est probablement la chose la plus importante en ce moment présent. »

    La bougie à la main, il la regardait dans les yeux. On pouvait lire dans son regard de la sincérité mélangée à de la détresse. Son cœur criait à l'agonie, son stress était désormais visible. Sa couleur de peau d'habitude si vive avait déjà pâlie, à la pensée de tout devoir raconter. On avait beau se préparer à tout ce qui était possible et inimaginable, devant le fait accompli, il était difficile d'agir comme prévu. Valerio ne s'attendait pas à paniquer autant. Il avala sa salive douloureusement. Il s'efforcer de ne pas trembler, conscient de tenir entre ses mains, un élément capable de détruire. Le feu qui consume tout.
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Dim 21 Aoû - 3:38
Peu à peu, les espoirs d’Ophelia se brisèrent un à un, à chaque sourire triste et pointe de douleur qui passait dans le regard de Valerio. Jamais elle n’avait vu son cousin si contrit, si défait; il avait toujours aimé jouer les héros. Tout jeune, ses tendances casse-cou lui avaient causé maintes bleus et cicatrices, mais il ne cessait jamais de sourire à sa cousine morte d’inquiétude, même lorsque ses propres yeux étaient remplis de larmes de douleur. De le voir ainsi, incapable de garder cette façade plus longtemps, visiblement en proie à des souffrances insupportables, venait serrer le cœur de la jeune noble jusqu’à ce qu’elle en souffre elle-même. Son impuissance lui était aussi pénible que d’imaginer tout ce que le rouquin pouvait ressentir en ce moment. Et pourtant, il semblait si loin déjà, beaucoup plus loin d’Ophelia qu’il ne l’avait déjà été. Les yeux fermés, en proie à des émotions qu’elle ne pouvait même imaginer, il était isolé, inatteignable, se distançait lui-même de ce qu’il avait considéré comme chez lui. La panique, sentiment fourbe et hypocrite, cherchait à faire surface chez la jeune femme, une boule de glace s’étant installée au creux de son estomac, immuable.
 
Une lueur d’espoir se pointa lorsque Valerio lui indiqua vouloir tout lui raconter. Au moins, pour l’instant, il était toujours à sa portée, présent à ses côtés, et elle se refusait à penser que ce puisse être les derniers moments qu’ils partageaient ensemble. Si elle s’y tentait, elle serait incapable de rester optimisme, de garder le semblant de contrôle qu’elle avait sur ses émotions. Qu’elle paraisse aussi calme alors qu’à l’intérieur ses pensées s’entremêlaient était déjà tout un exploit.
 
Lorsqu’il s’éloigna d’elle, lâchant doucement ses mains, elle résista à l’envie d’aller les chercher à nouveau, juste pour s’assurer qu’il ne disparaisse pas de son champ de vision. Cependant, il ne fit que s’emparer de la bougie pour la ramener vers le lit où il s’installa, lui faisant signe de faire de même. Elle le rejoignit rapidement, s’asseyant silencieusement à ses côtés, replaçant distraitement sa jupe blanche sur ses jambes. Le geste anodin se faisant une agréable distraction des préoccupations actuelles, lui permettant de se calmer assez pour faire cesser le tremblement de ses mains. Elle ne répondit que d’un petit sourire à la mention de toutes les histoires qu’il lui avait conté, gardant les yeux baissés, tout de même touchée par les doux souvenirs qui lui revenaient à la mémoire. Puis, il lui demanda de promettre. Lui promettre qu’elle lui dirait la vérité, ne cacherait pas ses émotions, réagirait comme elle avait à réagir.
Surprise par la demande, ses yeux s’ouvrirent, elle releva son visage, fixant le regard émeraude en essayant d’y trouver une explication, comprendre ses intentions. Qu’est-ce qu’il avait bien pu vivre pour croire que sa cousine se retournerait contre lui? Aussi loin qu’Ophelia se souvienne, elle avait toujours adoré son cousin, l’avait toujours admiré, voire imité par moment. Elle avait fait si peur à ses parents en grimpant aux arbres, en jouant aux pirates sur les toits abrupts, en disparaissant une journée entière à chercher toutes les salles secrètes de la demeure parce que, selon le jeune Valerio, les manoirs avaient TOUJOURS des salles secrètes; que ce soit en la présence de son aîné ou seule, elle avait suivi ses traces avec une confiance aveugle qui n’avait pas tarie avec l’âge, au contraire. Que le rouquin pense qu’elle puisse lui en vouloir lui semblait  absurde. Elle lui aurait confié sa vie sans hésitation, et jusqu’à aujourd’hui, elle croyait que Valerio le savait bien. Quelle vérité si choquante dissimulait-il pour qu’il en vienne à douter de son amour pour lui? La peur qui habitait son ventre sembla grandir un peu plus.
 
Ophelia prit une grande inspiration, se redressa, fixa ses yeux assombris par la pénombre dans ceux de son cousin. Elle ne le détesterait jamais, elle en était convaincue. Devant elle, Valerio semblait lui-même en proie à la panique, son visage pâle exprimant toute la peur, la détresse. La jeune femme cru un instant qu’on lui avait brusquement arraché son cœur tant la souffrance de son ami d’enfance lui était insupportable. Elle voulait le rassurer. Le serrer contre elle, faire disparaître tout ce qui le mangeait ainsi de l’intérieur. Et la seule manière, semblait-il, c’était en lui prouvant que, peu importe les secrets qu’il était prêt à lui divulguer, son amour ne changerait pas.
 
« D’accord. Je vais t’écouter jusqu'au bout, et ma réaction sera sincère. Je te le promets. »
 
Elle lui devait bien ça, et même plus encore. Et, ainsi, il serait peut-être un minimum rassuré. Le haut de son corps tourné vers son cousin, elle croisa ses mains sur ses jambes, délicatement, avec tout le calme qu’elle était capable de ressentir. Ses traits détendus s’adoucirent dans un petit sourire alors qu’elle laissait passer quelques secondes de silence, et elle regarda à nouveau le rouquin.
 
« Tu sais que je t’adore, n’est-ce pas? »
 
C’était à la fois une question rhétorique et une affirmation indéniable, du moins selon la manière avec laquelle la jeune noble la présentait. Son sourire, la douce lueur de son regard, son assurance, ses paroles; si elle pouvait permettre à Valerio de respirer un peu mieux, ne serait-ce qu’à peine, alors elle en serait heureuse. Elle ne fit pas d’autres gestes, resta tout simplement assise, prête à tout ce que son cousin était sur le point de lui confier. Du moins, elle pensait y être préparée.  


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Valerio Thorpe
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Valerio Thorpe
Valerio fucking Thorpe
Dim 21 Aoû - 22:18

    Pour être parfaitement honnête, Valerio avait envie de prendre les jambes à son cou et de s'enfuir. C'était un sentiment qui venait se loger dans son cœur à chaque fois qu'il cédait à la panique, comme dans le cas présent. On le prenait toujours pour quelqu'un de courageux qui faisait face à ses problèmes, mais intérieurement, il était affolé et n'avait qu'une envie, c'était d'éviter la situation dans laquelle il était. Il se forçait constamment à ne pas se laisser emporter par la panique, mais cela ne l'empêchait pas de vouloir aller se terrer au fond d'une grotte pour ne plus jamais en sortir. Si seulement fuir ses responsabilités était acceptables et si facile à faire. Mais non. Il avait bientôt d'attaches pour se résoudre à faire ça à ceux qu'il aime.
    Il ne pouvait plus se défiler. S'il le faisait, ce serait bien trop cruel. Et il aurait manqué une occasion de pouvoir tout dire à quelqu'un, d'avoir une chance de peut-être faire comprendre sa position et, non pas de faire compatir quelqu'un d'autre, mais de faire comprendre que même s'il était un mage, il restait tout de même Valerio Thorpe. Il espérait trouver cette lueur d'espoir qui saurait le pousser dans la bonne direction, et ne pas se perdre dans les méandres de sa panique. Il y avait tout de même le risque cependant de perdre celle qui comptait pour lui et, de se faire regarder avec un regard apeuré. Un regard qu'il avait malheureusement déjà vu auparavant, il n'y a pas si longtemps, et qui agissait tel un poison s'insinuant dans son esprit. Ah, qu'est-ce qu'il détestait penser comme ça ! Il n'y avait rien de pire que de se sentir si perdu et si négatif, en tout cas pour Valerio.
    C'est en voyant le sourire d'Ophelia qu'il put se reprendre. Un sourire doux et attentionné, tout comme son regard. Quel idiot il était. Il la connaissait, elle était probablement aussi paniquée que lui. Ses mains étaient tremblantes tout à l'heure. Bien évidemment. Elle se montrait forte, elle essayait de le rassurer et lui, il s'abandonnait complètement à la peur et à la panique ? Quel idiot. Mais vraiment, quel idiot. Lui qui voulait être fort pour elle en toutes circonstances, il en montrait une piteuse démonstration. Il n'avait pas le droit de pleurer. Il n'avait plus le droit de paniquer. Quelle que soit sa réaction, quelque soit sa réponse, il lui devait la vérité. Et il aurait du le faire il y a longtemps. Il serait injuste de continuer à trembler et d'avoir peur. C'était lui qui était venu, qui avait décidé de tout lui dire. S'il avait pris cette décision c'est parce qu'il avait confiance en elle. Il devait se tenir à ce qu'il avait choisi.

« Je sais. Moi aussi, plus que tout au monde. » murmura-t-il

    Son regard s'éclaira d'une détermination nouvelle. Il prit une grande inspiration. Il regarda Ophelia droit dans les yeux. Puis, sa voix faisant délicatement trembler la flamme de la bougie, il se mit à commencer son récit.

« Ces derniers temps, je n'ai pas eût de temps à moi. Je ne pouvais plus faire les éventuels petit boulots que je pouvais faire, étant sollicité par père la plupart du temps. J'ai pourtant bien essayé de m'en échapper, comme à mon habitude, mais ces derniers temps, il s'est fait beaucoup plus insistant. Il ne l'avait jamais été jusqu'à présent. J'ai commencé à me poser des questions. Jusqu'au jour où il me fit venir dans son bureau. »

    Il marqua une courte pause, comme si pour rassembler ses forces. Le souvenir qui suivait était douloureux.

« Sans tarder, il m'annonça qu'il fallait que je me décide à prendre mes responsabilités et lui succéder bientôt. Je lui ai demandé pourquoi, lui ai demandé s'il était en danger, si sa mort était proche. Il m'a répondu qu'il n'en était rien de tout ça. Il m'a tout simplement dit qu'il en avait marre de me voir chercher une place autre que celle qui m'était destinée. Pour lui, je suis le parfait héritier. Il fallait que j'arrête de rejeter l'évidence qui était devant moi. »

    Il poussa un léger soupir.

« Chaque fois que j'essayais de dire quelque chose, il me coupait en pleine phrase. Comme s'il en avait assez entendu et clamant que Raijin n'allait pas me laisser le choix de toute manière. J'essayais encore et encore de parler, mais toute mes tentatives étaient vaines. La colère est montée petit à petit en moi. Je bouillonnais. Puis il me dit que....

« Quoi que tu fasses, au vu de ce que tu es, tu n'as guère le choix. Je sais que tu y pense toujours. Mais sois réaliste. Tu n'as pas ta place autre part. Sinon, tu passeras ta vie à te faire pourchasser, et tu mourras. Ici, c'est la meilleure place que tu puisses espérer avoir.  »

...et c'est à ce moment là, que j'ai explosé. »

    Il s'arrêta de parler, la gorge serrée. En silence, il prit doucement une des mains d'Ophelia et y déposa la bougie qu'il tenait jusqu'à présent dans les siennes. Il regarda la flamme de la bougie quelques secondes.

« Ma place n'est pas ici. » dit-il en lâchant doucement les mains de la jeune femme. « Du moins, pas pour le moment. »

    Il souffla délicatement sur la flamme dansante et plongea cet espace de la pièce dans le noir. Il approcha ses deux mains du bout de la bougie. Puis avec précaution, il répéta des mouvements qu'il avait répété maintes et maintes fois pour s'entraîner. Il fit tourner légèrement ses mains autour du bout de la bougie. Puis une flamme nouvelle apparut, rendant la lumière là où elle se trouvait. Valerio replongea ses yeux émeraude dans ceux de la jeune femme.

« Je suis un mage de feu. » dit-il en tournant la tête sur le côté et en soulevant sa longue chevelure flamboyante, laissant apparaître sa marque sur le cou ; un arc de cercle sur lequel se superposait ce qui ressemblait à une flamme « Et ceci est la raison pour laquelle je n'ai pas ma place là où je suis. Ceci est la cause de tout.»

    Sans un mot de plus, il laissa retomber ses cheveux sur ses épaules. Sa tête resta tournée pendant quelques secondes supplémentaires, le temps nécessaire pour rassembler son courage, et continuer son récit, les yeux dans ceux d'Ophelia.

« Après qu'il m'ait dit tout ça...j'ai crié de rage en lui demandant de s'arrêter. Et mon corps a commencé à produire des étincelles. Et je veux bien dire de vraies étincelles. Du feu a commencé à s'échapper de moi sans que je ne m'en rende compte. Et là, j'ai vu les yeux de mon père. Remplis de peur et d'horreur. Il tremblait devant moi. Ça m'a ramené à la réalité et le feu qui s'échappait de moi s'est éteint aussi vite qu'il s'était allumé. Nous ne nous sommes plus rien dit. Je ne savais pas quoi dire. Je suis reparti dans ma chambre. »

    Il regarda ses mains un instant, se triturant les doigts.

« Pendant les jours qui ont suivi, il a agit comme si de rien n'était. Mais dans ses yeux, je voyais bien qu'il me craignait. Et alors je me suis demandé si ça avait été le cas toute ma vie. J'ai commencé à remettre en question l'amour que j'avais pour mes parents et l'amour qu'ils me portaient. Puis je me suis mis à penser à ma vie. A penser à tous les moments où j'ai dû dissimuler mon secret et les conséquences que cela avait put avoir. Je n'ai jamais appris à maîtriser mon don. Et cette discussion avec père m'a fait me demander s'il était bon ou non d'avoir un tel pouvoir. C'est à ce moment que je me suis retrouvé désemparé. Que j'ai compris que j'étais perdu, et qu'il me fallait des réponses. Mais je ne pouvais pas le faire ici. Plus maintenant. Après 27 ans, je n'ai jamais réussi à en trouver. Et c'est pour cela, que j'ai décidé de partir. Pour enfin savoir ce que je devais faire. La magie fait partie de moi. Je ne peux pas le renier. Je sens que ma place est près d'elle, et quand bien même je me tromperais, je sais que je ne peux pas l'éviter de toute manière. Ou alors des situations comme la discussion avec mon père se reproduiront et pourraient être bien pire. »

    Lorsqu'il releva ses yeux vers la jeune femme, Valerio semblait véritablement être à deux doigts de pleurer.

« Tu t'es toujours demandée pourquoi est-ce que Valente n'est jamais revenu n'est-ce pas ? Pourquoi il a soudainement presque été effacé de nos vies ? Il n'a pas été simplement donné à l'Inquisition. Sa vie a été échangée contre mon secret. Sa vie contre la mienne. Mon propre frère. »

    Les larmes se mirent alors à rouler sur ses joues alors que sa voix mourrait à la mention de son frère. Il serra les dents pour empêcher un surplus de larmes de couler. Ce n'était pas un franc succès.

« J'ai compris ce soir... que je ne pouvais plus vivre ma vie dans le mensonge. Le coussin dans lequel je suis assis maintenant, le titre dont je profite, tout ça c'est parce que l'on a vendu mon frère. Ce confort de vie je n'en veux pas si les choses restent telles qu'elles le sont. C'est de l'hypocrisie et un manque de respect total.  Ma décision va en faire souffrir plus d'un. Elle pourrait te faire souffrir et je m'en veux avant même que cela n'arrive, car c'est la dernière chose que je veux faire. Mais je ne peux pas vivre en me cachant toute ma vie. Sinon je ne pourrai même pas être un leader exemplaire. Je ne pourrai pas regarder le visage des gens qui me font confiance sans avoir le sentiment de les tromper. Et je ne pourrai jamais regarder Valente en face et lui montrer que son frère est toujours son frère. »

    Ses doigts se crispèrent sur ses genoux. Il se mordait la lèvre inférieur avec puissance, et laissa toute sa souffrance s'évacuer. Il avait essayé. Il avait essayé avec véhémence de se montrer fort. Mais en vain. Le goût salé de ses larmes le firent grimacer. Il se sentait pitoyable, égoïste, et idiot. Il n'osait même plus regarder Ophelia. Il avait tout balancé en pensant qu'il pourrait montrer que sa détermination était suffisante et qu'il avait accepté la situation. Mais cela aurait été un mensonge. Les larmes qui coulaient sur ses joues à n'en plus finir étaient la réalité. La dure réalité qu'il lui fallait affronter, pour qu'un jour, ses souvenirs soient heureux.
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Mer 24 Aoû - 9:13
Le récit de Valerio lui fit mal au cœur. Fixer à ses lèvres, elle le fixa avec attention du début à la fin, mais elle ne put s’empêcher de traduire chaque émotion sur son visage, du choc jusqu’à la consternation. Pas pour les actions de son cousin, non, mais bien la vision de son père qu’il donnait. Ophelia ne considérait bien sûr pas son oncle comme quelqu’un de chaleureux et de particulièrement charitable, mais elle avait toujours cru que c’était la position de chef de la puissante famille des Thorpe qui en faisait quelqu’un de froid, peu porté à exprimer directement ses sentiments. Elle avait cru qu’il aimait ses enfants à sa manière, désirant ce qu’il avait de mieux pour eux, fiers de ce que ses héritiers accomplissaient. Qu’il s’adresse ainsi à son propre fils, qu’il soit si indifférent à ses émotions et ses désirs, que Valerio soit traité ainsi par son propre père… La douleur dans sa poitrine n’était qu’une infime fraction de celle qu’il ressentait, elle en était certaine. Elle aurait aimé croire que son oncle avait ses raisons, n’avait pas été honnête, mais dans une telle situation, difficile de prétendre.

Cela était bien loin de son esprit, cependant, lorsqu’il lui confia délicatement la chandelle qu’elle prit par automatisme, surprise que son bras parvienne à en supporter le poids. Elle ignorait pour ses membres lui étaient ainsi devenus étrangers, hors de son contrôle. Son cœur battait la chamade dans sa poitrine, chose qui n’empira que lorsqu’elle se retrouva plongée dans l’obscurité, sans repère. La raison de son anxiété arrivait bientôt, elle le savait, et réagissait probablement ainsi par appréhension. Par intuition. Car elle savait que peu importe ce que son cousin désirait lui montrer, ça changerait plusieurs choses, qui ne pourraient plus jamais revenir à ce qu’elles étaient.

Puis, au bout de ce qui semblait comme une éternité, la flamme réapparu. Comme par magie.
En fait, c’était bel et bien de la magie.
Créé par les mains de Valerio, le feu avait repris vie. Les yeux d’Ophelia s’agrandirent, et elle ne put s’empêcher d’émettre un hoquet de surprise, pris au dépourvu par ce déroulement inattendu. Lorsqu’il souleva sa chevelure flamboyante, révéla le tatouage représentant l’éloquente flamme, la jeune noble ne pouvait plus croire à un tour de magie ou une autre mise en scène du genre. Son cousin était bel et bien un de ces mages qu’on chassait partout à travers le continent.
Un mage comme elle.

Les paroles qui suivirent la ramenèrent à la réalité, ou du moins assez pour qu’elle ait relativement conscience de ce qu’elle racontait. Elle abaissa sa main, déposant la bougie sur ses jambes, ne voulant pas l’échapper dans les tremblements qu’elle contenait à peine. Des tremblements dû à sa stupéfaction, certes, mais également à tout ce qu’une telle révélation venait remettre en question. La confidence quant au destin de Valente ne fit rien pour aider son incrédulité, au contraire. La raison pour laquelle elle s’était éloignée de son second cousin, pour laquelle il avait été commodément écarté de toute histoire d’héritage, la seule manière pour qu’un tel dangereux don ait pu être gardé secret chez l’héritier des Thorpe. Un échange. Elle ne savait que penser de son oncle et de sa tante, à présent. Et honnêtement, c’était le dernier de ses soucis.

Lorsqu’elle reporta son attention sur Valerio, elle nota ses larmes, sa voix étranglée, sa douleur si évidente dans chaque trait de son visage, et elle eut l’impression qu’on lui avait arraché le cœur de la poitrine. Sans même y réfléchir, elle tendit les bras vers son cousin, et le colla contre elle dans une étreinte peut-être un peu trop désespéré, comme si elle voulait l’y garder en sécurité. Il n’avait pas besoin de voir les larmes qui lui montaient elle-même aux yeux, en ce moment. Il avait besoin qu’on lui rappelle qu’on l’aimait, même en sachant ce qu’il était en entier. Il avait souffert en silence, cachant une partie de lui-même qu’il ne pouvait ignorer, ne désirant pourtant que d’être accepté pour ce qu’il était entièrement. Il n’était pas surprenant que le rôle d’héritier lui pèse, quand il demandait tant de sacrifices. Quand il avait perdu son frère ainsi. Quand son père se refusait à accepter ce qu’il ne pouvait pourtant éliminer. Ophelia se sentait en colère contre son oncle, attristée par ce qu’avait dû vivre Valerio, choquée par les révélations faites en si peu de temps, tout en même temps. Son petit corps tremblait sous les émotions, mais sa poigne sur son cousin était si forte, on aurait cru qu’elle n’allait jamais le lâcher. Lorsqu’elle s’exprima, sa voix était faible, chargée d’émotions, un peu étranglée.

« Que tu aies enduré tout ça, tout ce temps… Je n’aurais jamais imaginé… Je suis désolée… »

Ce ne fut qu’après plusieurs instants qu’elle s’y résigna, le desserrant doucement pour lui faire face à nouveau. Elle se sentait responsable de tout lui dire, elle-même; après tout toutes les confidences qu’il lui avait faites ce soir, il serait injuste de garder pour elle un aussi gros secret, d’une nature si semblable. Peut-être… peut-être se sentirait-il moins seul. Son don n’était pas dangereux, certes, loin de là, mais aux yeux de l’Inquisition, elle ne valait pas mieux. Elle ne pouvait cependant s’imaginer quitter la vie qu’elle avait. La noblesse était son mode de vie, la cour son environnement. Elle n’avait ni le courage, ni les aptitudes pour quitter le luxe de sa demeure. Au final, sa situation était bien loin du rouquin, et elle craignait ainsi de n’ajouter qu’à son malheur. Cependant, elle lui devait bien ça, et même plus. Un secret, juste pour eux. Le premier, à l’exception de ses parents, à apprendre ce qu’elle tentait d’ignorer depuis l’âge de 14 ans, comme si le don disparaitrait de lui-même. Ses mains tremblaient, lorsqu’elle prit celle de Valerio, en déliant les doigts crispés un à un avec toute la délicatesse du monde. En ce moment, elle n’arrivait pas à parler : quelque chose obstruait sa gorge, la rendant définitivement muette. Et même si elle aurait pu s’exprimer, elle ignorait que dire. Rien ne pourrait effacer la douleur que son cousin avait vécue, ou faciliter les gestes qu’il s’apprêtait à poser. Elle voulait lui montrer qu’elle le comprenait, du moins un tout petit peu.

Alors elle passa doucement un doigt sur une écorchure, à peine plus longue que son ongle, probablement causée par les ronces qui ornaient les murs de la demeure, et se concentra, tant que la sueur vint perler sur son front. Elle ignorait comment bien utiliser son don, ne se rappelait de sa première et unique expérience que son fort désir de soigner l’autre. Alors elle focalisa sur cela, sur son désir d’alléger les souffrances du rouquin, comme si elle pouvait toutes les faire disparaître. Au bout d’un long moment de silence, l’égratignure se referma, comme si elle n’avait jamais existée, laissant une Ophélia aux mains tremblantes et vidée de son énergie. Son regard était doux, empreint d’une certaine tristesse, et de toute l’affection du monde.

« … J’espère… j’espère que ce n’est pas déplacé… mais j’ai pensé que… que tu méritais de savoir toi aussi. »

Elle prit une grande inspiration, tentant de retrouver ses forces et son calme, de faire disparaître ses hésitations. Elle fixa ses propres mains un instant, comme si elles lui étaient étrangères. Après avoir pour la première fois utilisé son don volontairement, c’est un peu comme ça qu’elle les voyait. Comme si elles avaient une volonté propre.

« Ma marque n’est pas facilement visible, et mon talent facile à cacher. À côté du tiens, en fait, ça paraît insignifiant, dit-elle en laissant entendre un petit rire dérisoire, sans joie. Je ne peux pas prétendre comprendre ce que c’est de vivre ce que tu as vécu. Mais je veux… peut-être que savoir que d’autres Thorpe vivent avec un don… »

Sa voix mourut sur ses lèvres alors que ses pensées se bousculaient pour sortir, impossibles à mettre en paroles. Au bout de quelques instants, elle trouva le courage de relever sa tête, fixant un regard déterminé dans les émeraudes qui la fixaient.

« Peu importe tes choix ou tes dons, je vais toujours te supporter. Être un mage ne change rien à nos souvenirs, au Valerio que je connais, à toutes ces fois où tu as été là pour moi. Tu es une personne formidable. Tu l’as toujours été. »

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Jeu 25 Aoû - 1:08

    Alors que les larmes roulaient toujours sur ses joues et qu'il avait fermé ses yeux dans une tentative désespérée d'en contenir le plus que possible, Valerio se sentit tiré avec force vers l'avant et n'eût même pas l'occasion de se débattre. Ophelia le serrait désormais dans ses bras d'une telle manière que même s'il avait essayé, il n'aurait pas pu se dégager de son étreinte. Il rouvrit les yeux à ce contact et tendit l'oreille pour pouvoir entendre ce qu'elle lui disait. Des mots qu'il avait voulu entendre maintes et maintes fois mais qu'il n'avait jamais entendu de la bouche de quiconque autre que sa cousine. Juste ce petit geste et ces quelques mots suffirent à lui détendre les muscles de ses bras, du moins un petit peu. Il se crispa de nouveau en notant le ton faible de sa cousine, comme si elle retenait ses propres larmes à son tour. Il passa ses bras autour d'elle à son tour et se voulant rassurant, comme pour se faire pardonner de lui avoir fait tout ça, il lui caressa gentiment le dos.
    Lorsqu'elle lâcha prise, Valerio put être confronté au résultat de ce qu'il avait causé. Voir Ophelia ainsi, tremblante eût pour cause de serrer son cœur, lui causant une telle douleur soudaine qu'il en grimaça presque. S'il n'était pas conscient d'être celui qui l'avait mise dans cet état, il aura parcourut tout Aelius pour retrouver le gredin qui avait osé la mettre dans un état pareil. Hors, il savait pertinemment que c'était de sa faute, et se retenait de ne pas se taper la tête contre le mur en guise de punition pour avoir été si égoïste et horrible envers elle.
    Il baissa les yeux vers les mains tremblantes d'Ophelia qui s'approchèrent doucement des siennes pour les décrisper. Le regard du jeune homme oscillait entre le visage de la jeune femme et leurs mains, comme s'il cherchait à comprendre ce qu'il se passait. Il se taisait simplement observant la scène avec attention, le cœur battant, n'écoutant que le son du silence qui avait entouré la pièce de ses longs bras.
    Ses yeux s'arrêtèrent pour de bon sur la main que la jeune femme tenait entre les siennes. Il observa les blessures qu'ils s'étaient faites : des mains que l'on ne croirait pas nobles, tant elles paraissaient sales et écorchées.  Ses yeux s'écarquillèrent à mesure que sa plaie se refermait sous ses yeux. Il resta silencieux mais son expression stupéfaite apparaissait très clairement sur son visage. Un don. Un don qu'il n'avait pas su voir. Que personne n'avait su voir depuis bien des années. Quelque chose qui était sous leur nez et dont personne n'avait connaissance sauf un nombre très limité de personnes. Quelque chose comme lui.
    Les paroles suivantes d'Ophelia furent presque atténuées par le choc qui était venu frapper Valerio en pleine figure. Il s'efforça tout de même d'écouter avec attention, car c'était ce qu'elle avait fait jusque là, et il se devait d'en faire de même. Un nombre incalculable de questions et d'images se bousculaient dans sa tête. Beaucoup de scènes qu'il avait vu d'un autre œil auparavant faisaient maintenant sens. Il était déboussolé. Cependant, il se retrouva à éprouver le sentiment d'être plus proche que jamais de sa cousine. D'autres mages il en avait vu très peu dans sa vie et n'avait jamais été proche d'eux puisqu'il n'avait pas vraiment le droit de s'approcher;et dans cette petite minorité s'inscrivait maintenant Ophelia. Une personne qui le comprenait et partageait une souffrance qui leur était commune. Cette pensée le mit en proie face à de sentiments contradictoires : il était d'un côté heureux d'avoir trouvé quelqu'un comme lui, mais de l'autre, son cœur se serrait en imaginant avec précision la souffrance que la jeune femme pouvait et pourrait endurer, que ce fusse avant, maintenant ou bientôt.
    Les jeux d'enfants étaient désormais bien loin dans son esprit. Le passé lui échappait, il se retrouvait finalement véritablement confronté à la réalité en face de lui. L'innocence de l'ignorance était désormais perdue à jamais. Si le jeune homme considérait qu'ils avaient gagné en proximité de par le fait qu'ils se comprenaient sûrement mieux que quiconque et mieux que jamais, il était conscient qu'ils avaient aussi perdu la joie et le bonheur toujours à portée de main que leur offrait le fait de ne pas connaître ce détail à propos de l'un et l'autre. Les courses dans le jardin, les recherches de salles secrètes, les aventures imaginaires...tout cela s'éloignait de plus en plus dans l'esprit de Valerio, le coeur serré.
    Il fut rappelé à l'ordre par les dernières paroles de la jeune femme. Ses yeux plantés dans les siens, il fut dans l'incapacité de produire quel que son que ce soit, tant il était touché par ces simples mots. Il s'était arrêté de trembler. Il n'était pas seul. Il n'était plus seul. Il ne l'avait jamais été. Son cœur s'était adouci. Son visage était bien plus détendu que quelques minutes plus tôt. Ses muscles en général étaient relâchés. Un doux sourire vint se dessiner progressivement sur son visage. Il reprit les mains d'Ophelia et les caressa pour la calmer de nouveau, tant elle avait l'air fatiguée par l'utilisation de son pouvoir et par tout ce qu'elle venait d'apprendre.

« Si je suis la personne si formidable que tu penses que je suis maintenant, c'est bien grâce à toi. Toi qui est tout aussi formidable et même plus. Merci. Du fond du cœur.»

    Suivant ses paroles, il inspira un grand coup à son tour. Son regard se posa d'abord au plafond, sans vraiment chercher à se poser quelque part. Il ferma les yeux pour se reprendre complètement et élargi son sourire.

« Pardon....je n'étais pas venu pour me plaindre. Juste pour te dire ce qu'il en était et ne plus avoir à te cacher quoi que ce soit. Regarde moi ce beau désastre ! Quelle petite chochotte que je suis pas vrai ? »

    Il se mit à rigoler légèrement. Quelque part il enviait Ophelia. Elle avait sut rester aussi pure et joyeuse pendant toutes ses années, malgré le fait qu'elle possède son don. Et ses parents avaient dû être exemplaires avec elle : aussi loin qu'il se souvienne, son oncle et sa tante avaient toujours été des gens adorables et qui étaient prêt à tout pour leur fille. Il avait du mal à s'imaginer qu'ils aient réagit de façon identique à son père. Au contraire, ils avaient un esprit ouvert et faisaient preuve d'autant de gentillesse que leur fille envers quiconque qui était respectueux. Il n'avait pas un seul souvenir d'avoir craint un jour ces gens-là, et d'avoir été craint en retour. Il aurait aimé lui aussi, avoir cette chance.
    Une pensée lui traversa l'esprit. Une pensée désagréable qu'il mit en relation avec la découverte qu'il venait de faire vis-à vis de la jeune femme. Il serra doucement ses mains, pour se retenir de montrer son mécontentement et son inquiétude vis-à-vis de cette pensée. Il reposa ses yeux dans ceux d'Ophelia. Il resta le plus calme possible pour ne pas la brusquer plus qu'il ne l'avait déjà fait. Ça lui ferait bien trop mal.

« Mais... combien de personnes sont-elles au courant pour toi ? Et...est-ce...est-ce que ça va aller, avec ton fiancé ? »

    « Fiancé ». Il avait prononcé ce dernier mot avec toute l'amertume et le sel qu'il possédait en lui. Ah ça il était bien trop franc pour le cacher. Il aurait rassemblé toutes ses forces et aurait manifesté tous les efforts possibles et inimaginable qu'il n'aurait pas pu contenir tout le mal qu'il se donnait pour arracher ce simple amas de sons qui ne ressemblait à rien de ses cordes vocales. Non. Non il n'aimait pas cette idée. Il n'aimait pas son fiancé du tout. Et il ne le cachait absolument pas. Ce n'était pas possible. Même devant Ophelia. Surtout devant Ophelia. Sa mère avait annoncé un grand sourire sur le visage la nouvelle de ce mariage arrangé, la pièce s'était soudain retrouvée empli d'une chaleur meurtrière. S'en était suivi l'annonce du nom du fiancé et la chaleur aurait pu transformer la pièce en un véritable sauna.
    Valerio, lui, avait eut la chance de ne jamais s'être coltiné une fiancé. Et pourtant, nombreuses furent les prétendantes. Nombreux furent les refus et les échappées de Valerio aussi. Surtout les échappées d'ailleurs. Il fut une époque où son père l'avait bombardé de prétendantes, trouvant qu'il était bien trop distrait et qu'il ne pensait pas à prendre sa suite à la tête de la famille Thorpe. Il les avait toutes refusées, d'une manière ou d'une autre et était venu se cacher chez Ophelia à certains moment pour y réchapper. Pas la peine de choisir quelqu'un qui n'en veut que pour son titre ou qui n'était là que pour honorer l'honneur de sa famille. Il n'aimait vraiment pas l'idée des mariages arrangés qui ne demandaient pas ton avis sur quoi que ce soit. Il était bien assez grand, et il avait une assez grande bouche pour protester et avait bien fait comprendre qu'il brûlerait le moindre papier concernant de potentielles fiançailles organisées sans son accord. Grande bouche qu'il aurait volontiers utilisée pour protester contre les fiançailles de sa cousine avec ce « Nerio » dont on lui avait vanté les mérites, mais qui ne lui aspirait aucunement la confiance. De plus, quelqu'un de doué à la guerre et donc pour blesser les gens : mais quel homme parfait ! Un bon parti pour ces demoiselles en effet ! Le sarcasme était violemment présent dans le crâne de Valerio. Un sarcasme d'une qualité rare.
    Néanmoins, il mit sa colère de côté pour laisser place à la graine de l'inquiétude de grandir. Une des raisons pour lesquelles Valerio s'était décidé à partir était parce qu'il ne voulait pas se retrouver à devoir vivre au crochet des autres pour conserver son secret. Et maintenant qu'il avait appris le secret d'Ophelia, il ne put s'empêcher de penser au fait qu'elle se retrouvait dans cette même situation dont il essayait de s'échapper. Être coincé avec quelqu'un qui pourrait ne pas vous accepter, qui pourrait vous regarder avec dégoût juste par la simple présence de cette marque... C'était horrible. Et c'était une des dernières choses que l'on pouvait souhaiter à quiconque. Et honnêtement Valerio avait peur de laisser la jeune femme toute seule face à ce problème. Qu'il ne puisse pas être là pour elle si elle avait besoin dans ce genre de situation : cette pensée lui démangeait l'esprit.
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Ven 2 Sep - 3:29
Le silence s’installa entre les deux mages, à la fois confortable et lourd d’implications, de questions non formulées. Ophelia avait toujours cru que son cousin était la personne dont elle était le plus proche, surtout depuis le départ de son jumeau, mais elle n’aurait jamais pensé qu’ils se ressembleraient à ce point. Deux membres de la famille Thorpe, possédant des dons tabous, gardés dans le secret par leurs parents. La jeune noble avait cependant eu la chance que Valerio n’avait pas eue, exemptée des sacrifices demandés, et quelque part, elle s’en sentait coupable. Coupable de ne pas avoir pu voir la souffrance de son ami d’enfance, de ne pas lui avoir offert le même amour, la même sécurité dont elle avait été choyée dans sa famille. Elle ne la méritait pas plus que oui, et pourtant, elle l’avait eu.
 
Quelque part pendant leurs échanges, la musique de la petite boîte s’était tue, le bruit des rideaux frôlant le sol de marbre, agités par la brise, emplissant la pièce malgré sa délicatesse. Lorsque le rouquin reprit finalement la parole, sa voix sembla comme une note de musique dans la nuit silencieuse. Son expression s’était adoucie, son sourire était revenu, ses mains caressaient les siennes avec une tendresse nouvelle. Elle-même ne put s’empêcher de répondre d’un même sourire, soulagée plus que les mots ne pouvaient l’exprimer de le voir retrouver ne serait-ce qu’un brin de sa joie. Ses mots avaient été maladroits, inexacts, mais s’ils avaient pu amener un peu de paix et de confort à un cœur éprouvé qui n’avait jamais mérité le sort qui s’abattait sur lui, alors ils n’avaient pas été vains.
 
Les remerciements de son cousin accentuèrent son sourire fatigué, ses yeux brillants d’amusement. Elle ne croyait pas avoir posé des gestes méritants de telles paroles, de tels compliments. Au contraire, Valerio méritait bien davantage, et aurait dû être accepté bien avant, aurait dû être libéré de ses inquiétudes avaient même qu’elles se forment. Ophelia n’avait que dire ce qu’elle pensait, comment elle le voyait, elle n’avait fait qu’être outrée par la situation. En réalité, elle se sentait impuissante, incompétente, incapable d’offrir au rouquin tout ce qui aurait dû lui revenir de droit. Elle savait que la mention de son départ, auquel elle évitait encore de penser, était pour lui une prise en main, une recherche de sa place dans un monde où elle était incapable de lui donner un endroit qui était sien. Pourtant, elle lui en devait tant, tout ça et bien plus encore. Elle se contenta donc de serrer légèrement les mains qui tenaient les siennes, gardant un petit sourire, gardant pour elle ces pensées rabat-joie. Elle ne voulait pas l’inquiéter inutilement.
 
L’ambiance s’allégit quelque peu, les tentatives de Valerio portant quelque peu ses fruits alors que les deux cousins rigolèrent de ses commentaires et de la situation si grave qu’elle en devenait presque ridicule, lorsqu’on prenait un peu de recul. Cependant, ce fut de courte durée, puisqu’à la mention de son fiancé, la jeune blonde se raidit, incapable de retenir cette réaction impulsive.
Fiancé. Le mot sonnait étrange dans sa tête, dans la bouche de ses parents, et elle n’avait pas encore osé le prononcer à voix haute. Comme s’il était étranger, déplacé, offensant. Elle savait qu’elle devait voir en cette union un cadeau de ses parents, un désir qu’elle soit heureuse, mais elle n’y parvenait toujours pas tout à fait. Après avoir été gardée précieusement dans sa demeure, sa mère la voulait maintenant mariée, loin de la maison familiale. Elle avait évoqué comme raison son âge, entre autres, mais ses cousins n’étant toujours pas mariés malgré qu’ils soient de plusieurs années ses aînés, les propositions de mariage auraient pu être laissées en plan encore un bon moment. Cela était sans compter les risques qu’une telle union posait par rapport à son statut de mage… Son promis était un ancien militaire, un fervent croyant, cela elle le savait. Et pour être honnête, elle était terrorisée par toutes les choses qui pouvaient mal tourner dans cette histoire.
 
Ophelia prit une grande inspiration silencieuse, se forçant à garder son calme, ne désirant pas faire paniquer son cousin pour rien, surtout qu’il ne serait probablement pas dans les parages quand la cérémonie aurait lieu – une pensée qui lui serra douloureusement le cœur. C’était une épreuve qu’elle aurait à surmonter par elle-même, seule, pour la première fois, sans sa famille, dans un lieu inconnu. Une perspective qui la faisait trembler de peur. Mais elle ne pouvait pas se montrer faible. Pas maintenant.
 
« Je…je l’ignore, débuta-t-elle, incertaine, incapable de mentir à son cousin. Seuls mes parents sont au courant, et ils m’ont fait promettre de ne jamais en parler ou de l’utiliser sur quiconque. Tu es le premier, avoua-t-elle à mi-voix. Je peux dissimuler ma marque, mais pas éternellement…et je n’ai pas encore rencontré mon fiancé plus que quelques instants, donc j’ignore si je peux lui confier ce genre de secret. »
 
Elle se refusait à penser à la nuit de noce, surtout alors qu’elle parvenait à peine à s’imaginer marcher jusqu’à l’autel avec ce parfait inconnu. Peut-être était-il quelqu’un de noble, de gentil, d’attentionné, de compréhensif. Elle voulait y croire, vraiment. Mais elle n’était plus une enfant. Les contes de fée, où la noble dame tombait amoureuse d’un héros, où ils se mariaient pour des années de bonheur, n’avaient leur place que dans les pages d’un livre. Ses rêves n’y changeraient rien. Même ses parents, malgré l’amour qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, avaient vécu un mariage arrangé. Visiblement, ce qu’ils connaissaient de la vie des nobles n’avait pas changé leur vision de cette coutume.
 
« Ne t’en fais pas pour moi. Le mariage n’a pas lieu avant un bon moment, et je vais rendre visite à mon promis, apprendre à le connaître tout d’abord. »
 
Elle lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, le ponctuant d’une pression sur ses mains, et elle reprit une expression douce, calme, ses yeux rougis comme seuls témoins des émotions ressenties quelques instants plus tôt. Elle devait aborder le sujet du départ de Valerio, elle le savait. C’était pour celui qu’il lui avait rendu visite. Elle le savait, et pourtant…sa gorge se serrait, s’obstinant à ne laisser passer aucun mot, étirant le silence. Elle ne voulait pas le voir partir, le laisser partir, elle le savait. Mais elle savait aussi que c’était la seule manière de le voir s’épanouir, de le voir devenir réellement accompli, et plus que tout au monde, plus que son propre bonheur, plus que ses désirs égoïstes de toujours l’avoir à ses côtés, elle désirait le savoir heureux.
Alors elle se résigna à ce qui devait se passer.
 
« Alors...tu vas réellement partir? »
 
Sa voix était à peine un murmure, son visage avait pris une expression neutre, le plus proche de la joie qu’elle était capable de démontrer. Sa question en sous-entendait de nombreuses autres : où comptait-il aller? Comment s’y rendrait-il? Partirait-il seul? Avait-il des alliés, quelque part, pour l’aider s’il devait se retrouver en mauvaise posture? L’inquiétude la rongeait, et pour toutes les compétences que son cousin possédait, le monde extérieur, si vaste, si inconnu et effrayant, lui semblait impossible à surmonter.

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Valerio Thorpe
Pouvoir : Feu
Personnage illustrateur : Luke Fon Fabre - Tales of the Abyss
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Valerio fucking Thorpe





Valerio Thorpe
Valerio fucking Thorpe
Sam 10 Sep - 19:50

    Valerio écouta la jeune femme avec attention, pendu avec inquiétude à ses lèvres. Ophelia avait beau ne rien laisser paraître, il se doutait bien que la situation dans laquelle elle se trouvait ne la laissait pas de marbre. Il l'avait côtoyée depuis bien assez de temps pour savoir qu'il était très possible qu'elle omette volontairement quelques détails pour ne pas rajouter de lourdeur dans cette atmosphère déjà quelque peu pesante. La douce musique de la petite boîte à musique s'était arrêtée, comme si l'enfance avait trouvé sa fin et fait place à la réalité. Le silence ambiant venait s'immiscer tel un parasite dans l'ambiance qui ne se voulait pas plus oppressante qu'elle ne l'était déjà.
    Le rouquin essaye de se montrer le plus rassurant possible. Il calma l'inquiétude de son regard et la remplaça par le calme et la patience, démontrant une écoute totale de ce qu'Ophelia disait. Les yeux rouges de la demoiselle témoignaient de sa détresse, mais aussi du courage qu'elle rassemblait pour pouvoir faire face aux situations qui s'imposaient d'elle-même à elle. Elle ne méritait pas ça. Cet être innocent, dont le cœur était rempli de gentillesse et d'amour pour les autres ne méritait pas que l'on lui inflige de telles décisions qui n'étaient pas les siennes. Oui, c'était la vie. Et la vie peut parfois être cruelle, elle semble même s'acharner la plupart du temps sur les personnes qui n'ont absolument rien demandé. Et seul ces personnes là peuvent y faire face. Mais lorsqu'une personne qui vous est chère se retrouve accablée par les aléas de la vie et ne présage qu'une série de mauvais évènements à venir, n'êtes vous pas pris par ce désir brûlant de la protéger ?
    Maintenant qu'il y pensait, Valerio se rendit compte à quel point il avait peut-être trop protégé Ophelia. Que son oncle et la tante le fassent, ça il s'en était toujours rendu compte, après tout, lorsque Valerio tentait d'entraîner sa cousine dans quelque chose comportant du danger, comme ce jour où il voulait l’amener à monter dans les arbres avec lui, ils réagissaient toujours de façon très protectrice, craignant que quelque chose n'arrive à leur fille. L'amour qu'ils lui portait était le déclencheur de cette surprotection. Mais il ne s'était jamais rendu compte à quel point son propre amour pour Ophelia l'avait amené à faire la même chose au fil des années. Il avait toujours cherché à lui éviter de se blesser. Si jamais elle trébuchait, il tendait toujours le bras pour pouvoir la relever s'il ne réussissait pas à la rattraper avant que sa tête ne rentre en contact avec le sol. Si jamais elle avait faim, il emportait en cachette des cookies qu'il avait fait avec la cuisinière du manoir. Si jamais elle ne retrouvait pas son chemin, il la guidait jusqu'à trouver la sortie, sans lâcher sa main pour la rassurer. Il la laissait faire ce qu'elle voulait, il la laissait se débrouiller, surtout si elle désirait le faire, mais restait toujours non loin, que ce soit physiquement ou mentalement pour éviter qu'elle ne se fasse trop mal.
    Mais que se passerait-il quand il ne serait plus là ? Tout s'écroulerait. Ce soutiens, cette aide permanente disparaîtrait. Elle se retrouverait sans défense et confrontée au danger. C'était inévitable. Et il savait qu'un jour cela devait arriver. Tôt ou tard, il devrait lui lâcher les mains pour que le petit oisillon s'envole et fasse ses propre choix. Il devrait lâcher ses même mains qu'il tenait entre les siennes avec douceur.
    Mais malgré tout cela, il éprouvait le désir et surtout le devoir de la protéger. Il savait bien évidemment que ce n'était pas possible. Et que cela entraînerait une part de responsabilité. La responsabilité qu'il avait de ne jamais l'avoir confrontée plus que ça au monde extérieur, de l'avoir toujours protégée. Il l'avait invitée à se battre avec lui et Valente à l'épée quand ils étaient plus jeunes, mais il n'avait jamais insisté si elle ne voulait pas. Il lui avait raconté tout ce qu'il voyait dehors lors de ses échappées, mais n'était jamais parvenu malgré ses tentatives, à lui faire quitter les terres d'Arancia pour se lancer dans une expédition impromptue et qui se serait sûrement soldée d'un sermon. Il avait l'impression de ne lui avoir donné aucune arme avec laquelle elle pourrait se défendre contre la vie, du moins c'est ce qu'il pensait. Et une fois encore, cette situation se répétait. Il voulait l'emmener avec lui, mais il savait pertinemment qu'il ne s'agissait pas de son choix à lui, mais de son choix à elle. Il n'avait pas le droit de faire preuve d'égoïsme et de priver les êtres qui tenaient à elle de sa présence. Il n'avait pas le droit de l'arracher à un futur dans lequel elle pourrait éventuellement se plaire, même s'il éprouvait des doutes là-dessus; après tout il n'était pas devin. Il n'avait pas le droit de lui imposer quoi que ce soit.
    Tout était flou. L'avenir ne semblait pas être éclairé. Il était rempli d'incertitudes. Pendant l'espace d'un instant, Valerio ne sut que répondre à sa cousine. Ses pensées se bousculaient les unes et les autres dans sa tête, sans qu'il ne puisse trouver de repos. Il ferma les yeux. Il devait se concentrer sur ce dont il était certain dans tout ça. Là était son épreuve finale. Pour avancer dans ce futur embrumé, la seule chose sur laquelle il pouvait se reposer était ce qu'il avait déjà avec lui. Il possédait des raisons de partir et un but : trouver son chemin. Il devait s'accrocher à tout cela et ne pas se perdre dans la brume. Il planta ses yeux dans ceux d'Ophelia avec résolution.

« Oui. Si je veux avancer dans cette vie, alors je dois partir. Pas par obligation, mais parce que je le veux. Après tout, on a toujours le choix. Je ne peux pas rester ici, où mes mouvements seront bridés pour trouver mes réponses. La seule solution que j'ai trouvé, en tout cas ce qui peut m'amener à ma solution, c'est de partir de ces murs. »

    Il rigola amèrement l'espace d'un instant.

« Puisque je suis un mage, je risque d'être bridé. Et chaque personne que j'emmènerai avec moi se retrouvera en danger. Alors je ne demanderai pas d'aide. Je partirai seul. Ce n'est pas à moi de décider que quelqu'un m'accompagne ou pas. Je ne veux pas prendre la responsabilité d'embarquer quelqu'un d'autre avec moi. Ce n'est pas à moi de la prendre. »

    Il soupira légèrement. Il marqua une courte pause en se grattant la tête d'une main. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour demander à Ophelia et ses parents de le suivre dans cette quête pour la vérité. Il se serait sentit bien plus rassuré, c'était certain. Mais il n'était plus un enfant, et ce depuis longtemps. Il ne pouvait plus se reposer sur personne pour ce genre de choses. Une fois que l'on a les yeux ouverts, il est impossible de les refermer.

« Ma destination, je ne la connais pas. » dit-il en toute honnêteté, d'une voix plus faible. « Mais c'est là toute la magie de ce voyage. Je sais pas quelles sont les réponses à mes questions. Alors pourquoi ne pas commencer par des endroits que je ne connais pas, tu ne crois pas ? »

    Il sourit un peu à la jeune femme. Il avait terriblement envie d'aborder le sujet de son fiancé, souhaitant égoïstement se rassurer par rapport au fait qu'elle ne risquait rien et partir l'esprit tranquille, cependant il ne souhaitait pas lui causer plus de mal qu'il ne l'avait déjà fait et s'abstint. En revanche, il prononça les paroles suivantes :

« Je m'en ferai toujours pour toi Ophelia. Et ce jusqu'à ce que tu trouves ton bonheur. Alors sache que où que nous soyons, si tu n'arrives pas à trouver ta place à ton tour, et que tu es perdue, alors je répondrai présent et nous chercherons cette place ensemble. Je ne pourrai pas tout faire. Mais jamais, je ne te laisserai tomber. »

    Il désigna les lettres posées sur la coiffeuse d'un léger coup de menton.

« Elles seront moins fréquentes. Mais je ne te laisserait pas sans lettres pour remplir ta boîte à souvenir. Et puis, ce serait regrettable que tu ne connaisse pas tous les moments embarrassants de la vie de Valerio. »

    Le jeune homme qui avait retrouvé le sourire s’empressa lâcha les mains d'Ophelia pour se saisir de son sac qu'il posa sur ses genoux. Il fouilla dedans pendant quelques secondes avant d'en sortir un papier qui semblait envelopper quelque chose. Il l'ouvrit délicatement pour faire apparaître deux rubans blancs, pliés avec soin. Il savait que la blondinette aimait les rubans. Il les lui tendit avec un sourire sur le visage.

« Tiens. J'ai fini de les coudre cette après-midi. »

    Si Valerio avait été une femme, on aurait pu dire qu'il était bon à marier. Débrouillard, il avait depuis tout petit une soif d'apprendre des choses dans tous les domaines, y compris la couture avec les servantes. Alors oui, cela ne lui donnait pas forcément une image d'homme viril auprès de ses proches mais il s'en fichait. Il aimait faire les choses par lui-même et avait appris avec passion de nombreuses choses, allant de la forge à la préparation d'un repas. Et la couture faisait partie de cet apprentissage qu'il suivait avec enthousiasme. Un enthousiasme qu'il avait essayé de transmettre à Ophelia, en lui apprenant tout ce qu'il découvrait lui-même dans la journée, pour qu'elle puisse compenser le fait qu'elle soit limitée au niveau de ses sorties. Il se remémora ces moments avec tendresse, affichant aussi un air fier de donner un cadeau fait de ses propres mains.
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Lun 12 Sep - 7:12
Si Ophelia ne l’avait pas déjà su, le regard déterminé de Valerio lui aurait confirmé qu’il envisageait bel et bien de partir. Les émeraudes brillaient d’une lueur farouche, remplis de promesses silencieuses, d’espoirs et d’un brin d’inquiétude, juste de quoi pouvoir affronter le monde. La jeune femme pouvait être fascinée par cette énergie qui se dégageait de lui, comme s’il pouvait faire face à tous les obstacles sans broncher, mais ne pouvait pas s’imaginer à sa place, du moins pas encore.

Le discours de son cousin était inspirant, idéaliste, assez pour faire accélérer son cœur alors qu’en même temps il se serrait douloureusement à l’idée de son départ. Une souffrance douce-amère, cependant, car tout autant que le rouquin était convaincu qu’il prenait la bonne décision et s’approprierait ainsi son bonheur, la jeune noble commençait à y croire aussi. Même alors qu’il avouait partir seul, sans idée de sa destination ou du chemin qu’il prendrait, choses qui auraient dû grandement inquiétée Ophelia qui ignorerait ainsi si quelque chose de mauvais lui arrivait, elle ne pouvait imaginer autre déroulement, comme si toute une vie d’événements et de coïncidences avait mené à ce moment-ci, à la décision de partir pour découvrir ce que l’on ne croisera jamais en restant à la demeure familiale. Si la blondinette n’avait pas déjà admiré Valerio, elle ne l’aurait respecté rien que pour ça, pour la détermination, la confiance et le courage qui lui faisaient trop souvent défaut.

Et elle réalisa pourquoi, en partie, c’était le cas. Pourquoi lui ne tenait pas en place et ne pouvait se satisfaire de sa vie actuelle, pourquoi il avait la force de partir, alors qu’elle cherchait le confort et l’assurance du connu, effrayée par un monde dont on lui avait répété les dangers. Valerio l’avait dit lui-même : il n’avait jamais été à sa place, jamais assez du moins, comme si le destin c’était trompé de famille lorsqu’il avait vu le jour. Il n’avait rien à perdre, du moins pas de ce côté, alors que pour la jeune femme, c’était tout l’inverse. Dans sa demeure, auprès de ses parents, avec l’amour de ses cousins et les visites de ses quelques amis, elle se sentait chez elle. Une autre chose à laquelle elle avait eu droit, contrairement à l’héritier Thorpe. Ce dernier se battait donc pour trouver du changement, une différence qui lui apporterait des réponses et une raison d’avancer. Ophelia, au contraire, fuyait le changement qui constituait une menace pour l’endroit fragile qui était le sien. Il n’y avait pas de mauvaises ou de bonnes manières, à son sens, et les deux risquaient de se solder par des échecs et des réussites, mais dans tous les cas, si Valerio croyait que partir était la clé de son bonheur, alors elle ne pouvait que croire avec lui.

Soulagée d’apprendre qu’elle recevrait tout de même des lettres pour la tenir au courant, elle lui servit un sourire rassurée, très heureuse de pouvoir accumuler davantage de souvenirs qu’elle continuerait de ressasser avec joie au cours des années. Ses petits trésors, qui lui rappelaient que le bonheur avait déjà été là, et qu’il n’était des fois qu’à portée de main.

Je compte sur toi pour tout me raconter! La chaleur du sud, les animaux du désert, les côtes de l’Ouest… n’omet aucun détail, hein!



Ironiquement, pour toute l’hésitation que la blondinette avait à voyager, son amour des beaux paysages et de la rêverie faisait de l’exotisme un sujet de choix, et l’enthousiasme était indéniable dans ses propos, reprenant à mesure que l’ambiance s’allégeait de son optimisme. Lorsqu’il sortit les deux rubans blancs, de superbes créations bordées de fine dentelle au tissu satiné qui glissait sur les mains comme de l’eau, sa bouche s’ouvrit en un «o» de surprises et de ravissement, ses yeux brillants presque à la lumière de la bougie. Son cousin avait toujours eu un talent indéniable, même meilleur qu’Ophelia qui avait passé beaucoup de temps à s’améliorer pour atteindre ce niveau, cherchant à exceller dans ces tâches qu’on exigeait des femmes de son rang. C’était donc toujours un plaisir de recevoir un cadeau de Valerio, surtout qu’il était sans conteste d’une grande qualité.  

Oh! Ils sont… ils sont superbes! Si je l’avais su…hm…attends un instant.



Il était vraiment dommage de ne pas avoir pu préparer un présent pour le départ du rouquin, qui lui aurait été personnalisé. Cependant, elle se pratiquait assez souvent aux différents arts pour avoir créé plusieurs objets elle-même, et se levant du lit, elle alla rapidement fouiller dans la commode tout près de la porte de sa chambre. Rapidement, elle s’empara d’un morceau, puis son regard s’accrocha à autre chose dont elle s’empara à son tour, avant de revenir vers son cousin.

Elle lui tendit tout d’abord un long foulard dans les teintes de beige au tissu plutôt léger. La qualité de la couture était adéquate sans toutefois être exceptionnelle, mais c’était dans sa broderie qu’elle se démarquait. Là où Valerio cousait avec une facilité déconcertante, Ophelia l’équivalait en broderie, s’amusant à faire apparaître symboles et paysages dans le tissu. Le foulard représentait donc une myriade d’arabesques et de feuilles où, ici et là, courraient des kelpirs, l’animal préférée de la jeune noble.

Je devine que puisque nous sommes déjà pas mal au nord, tu vas te diriger vers le sud. J’ignore si tu passeras par le désert, mais si le vent y est aussi terrible qu’on le dit, tu pourras peut-être lui trouver une utilité.



Lui remettant entre les mains, elle prit ensuite le second objet, celui-ci beaucoup plus petit et d’une utilité plus symbolique que fonctionnelle. Le petit bracelet, de cordes tressées, comportaient plusieurs petits pierres, dont la plus grosse se trouvait à être une agate vert-de-gris, tout comme ses yeux. Il s’agissait en fait d’un cadeau de ses parents, l’agate étant considérée une pierre de protection, attirant la force et garantissant la sécurité de son porteur. Dans cette situation, Ophelia préférait que ce soit Valerio qui la porte.

Je ne te demande pas de le porter à ton poignet, mais… j’aimerais que tu le gardes sur toi. Pour moi.



Elle accompagna ces paroles d’un petit sourire pour faire l’emphase sur l’importance qu’elle accordait à cet objet quelque peu superstitieux. Se reculant finalement après lui avoir donné ses propres cadeaux, elle prit une grande inspiration, pas encore tout à fait prête à le laisser partir, mais quand le serait-elle vraiment?

As-tu tout ce dont tu as besoin pour la route? As-tu besoin de provisions? Si tu veux, on peut descendre aux cuisines et prendre quelques morceaux pour toi.

 

D’un sourire complice, elle se remémora toutes les fois où, affamés pendant l’une de ces nuits blanches passées à parler de tout et de rien, à regarder les étoiles et à se raconter des histoires, ils étaient descendus aux cuisines en silence pour s’emparer de quelques plats préparés pour le lendemain, se faisant à chaque fois réprimander par les domestiques sans pour autant cesser de le faire.

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Valerio Thorpe
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Mer 14 Sep - 15:46
    Le sourire s'étira sur le visage de Valerio en voyant la joie dans les yeux de sa cousine lorsqu'elle découvrit son cadeau. Il avait visiblement fait du bon travail, et pour cause, il s'était donné à fond dans la création de ses rubans. Après tout, il n'aurait sûrement pas l'occasion d'en refaire de si tôt, alors les bâcler était bien entendu impossible à penser. Il aimait rendre les gens heureux avec ce genre de cadeaux, car pendant quelque secondes, le bonheur ainsi produit de la personne faisait son bonheur à lui. Cela faisait du bien à l'ego, et n'avait de cesse de lui prouver qu'au moins, il n'était pas un bon à rien et qu'il savait faire des choses. C'était sans doute une des raisons pour laquelle Valerio n'avait jamais complètement cédé sous le poids de l'anxiété dont il était souvent victime. Il n'était pas amputé de tout. Ce simple fait lui donnait le courage d'avancer et de faire face à l'adversité, aussi difficile que cela soit.
    Il ne s'attendait cependant pas à recevoir quelque chose en retour. Il suivit Ophelia du regard avec interrogation lorsqu'elle se dirigea vers sa commode. Lorsqu'elle revint vers lui, il fut agréablement surpris. A la vue du premier cadeau que lui tendit la jeune femme, son expression s'illumina. Aucun son ne put sortir de sa bouche tant il était surpris. Il prit le long foulard dans ses mains avec délicatesse. Ses yeux voyagèrent tout le long du tissu, comme si ils lisaient une histoire dans un livre.  Les créations d'Ophelia lui donnaient toujours l'impression de prendre vie, et de voyager dans le monde des rêves. La jeune femme était quelqu'un de très talentueuse dans la broderie. Chacune de ses œuvres renfermait l'amour de leur créatrice et reflétaient la personne qu'elle était. Il posa le bout des ses doigts sur une partie brodée et suivit les fit coulisser jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de broderie à toucher. Le travail était fin, renfermait une douceur certaine, de tel qu'il était presque difficile de penser qu'il s'agissait d'un amas de fils de couleurs entre eux ; de même qu'il était difficile de voir au travers Ophelia, quelque chose d'autre qu'un être pur et gentil pour qui on ne peut qu'éprouver de l'affection.
    S'en suivit un deuxième cadeau qui prit Valerio de cours, encore plus qu'il ne l'était déjà. En voyant le bracelet que lui tendait la jeune fille, les lèvres du rouquin tremblotèrent sous l'émotion. Il savait ce qu'il signifiait pour Ophelia et ne parvenait pas à trouver les mots pour exprimer ce qu'il ressentait. Il déposa le foulard qu'il venait de recevoir sur ses genoux, et s'empara doucement du joli bracelet tressé que l'on venait de lui offrir. Les émeraudes dans ses yeux semblaient se refléter dans la belle pierre agate vert-de-gris. Il la caressa doucement avec son pouce, comme pour retirer toute poussière ou autre impureté qui aurait put obstruer la splendeur de la pierre à ses yeux. Il n'attendit pas une seconde de plus. Le regard trahissant son trop plein d'émotions, il attacha le bracelet à son poignet. Il était un peu petit, évidemment puisque sa taille de poignet n'était pas la même que celle d'Ophelia, mais il était assez grand pour que Valerio puisse l'attacher relativement confortablement. Les lèvres encore tremblantes, il ne put que prononcer un ''Merci'' d'une voix faible et chargée d'émotions.
    Tout en écoutant les dires de sa cousine, le rouquin enroula le foulard autour de son cou, le faisant un peu rentrer dans son long manteau blanc. Le bout de son menton était désormais recouvert. Avec le foulard en plus de ce qu'il portait déjà et du bracelet protecteur, Valerio se sentait tel un aventurier, fin prêt à affronter l'épreuve la plus importante de sa vie. Il se sentait cool pour une fois. Une petite pensée gamine certes, mais que voulez-vous, quelque part, il était toujours un grand enfant, et il n'arriverait pas à se défaire de cette étiquette de si tôt. Le rouquin se releva d'un bond, balançant son sac sur son épaule. Il secoua doucement sa tête pour répondre à sa cousine.

« J'aimerais. Mais j'ai déjà préparé des rations. J'ai de quoi tenir pendant au moins deux semaines. Je vais éviter de trop me charger, cela pourrait ralentir ma course. »

    Et il était vrai qu'il ne pouvait pas se permettre de faire ça. L'Inquisition serait à ses trousses probablement dès le lendemain de son départ, et il serait dans une position très délicate. Pas le temps de s'attarder, sinon, s'en était fini de sa vie. Aussi mal que ça lui faisait de se confronter à la réalité, elle était bien là à frapper à sa porte. Il ne pouvait plus l'ignorer.
    Son regard s’adoucit un instant et il fit rentrer une partie de sa tête dans son foulard avec un doigt. Il sourit doucement en fermant les yeux. Bien qu'il sache qu'il serait pourchassé, il voulait croire à un futur, quel qu'il soit. Il voulait le voir de ses propres yeux. Il voudrait y penser chaque jour. Un futur où il n'aurait plus besoin de se cacher, où Ophelia n'aurait plus besoin de se cacher non plus et vivre chaque jour qui passe avec appréhension. Il voulait un jour pouvoir construire des projets sans se prendre la tête et laisser parler ses désirs. Exaucer ses vœux les plus chers. Et en ce moment, Valerio avait un vœu. Un vœu qui lui tenait à cœur. Il dit d'une voix calme :

« Tu sais... si un jour on en a l'occasion, il faudra que nous fassions quelque chose du genre ensemble. Je m'occuperai de la couture et tu te chargeras de la broderie. Et un jour peut-être, nous la donnerons à Valente, un cadeau commun pour voir la tête. Ce serait formidable non ?»

    Oui, ce serait formidable. Valerio avait envie de croire que son frère pourrait l'accepter. Il était réaliste, et il savait qu'il y avait de grosses chances pour que leurs retrouvailles soient chaotiques. Mais il y avait tout de même cet espoir de retrouver son frère. Retrouver son frère, et ne pas rencontrer l'Inquisiteur dont tout le monde semblait avoir peur. Y compris Valerio. Ils avaient passé presque autant de temps ensemble qu'ils n'avaient été séparés dans leur vie. La perspective de tant de temps perdu l'effrayait. Et pourtant, il voulait pouvoir rattraper ce temps et amener le sourire qu'il aimait tant sur le visage de Valente. Un sourire dont il n'avait que le souvenir, bien que ce dernier soit clair.
    Sans se rendre compte, il se retrouva à se perdre dans les méandres de son esprit. C'était pas le moment de faire ça. Pour dégager cette pensée désagréable de son esprit et éviter que son anxiété ne prenne le dessus il se redressa et leva soudainement ses bras en l'air tout en rouvrant soudainement ses yeux, les poings fermés comme pour exagérer son enthousiasme.

« Bon ! Allez ! C'est parti ! Je suis prêt ! Bye bye la noblesse, à moi l'aventure ! Woohooooooo ! »

    Tout en disant cela, il se dirigea d'un pas rapide et décidé de la fenêtre par laquelle il était rentré, un sourire sur le visage. Puis, à mi-chemin dans sa course il s'arrêta. Idiot. Quel idiot. Il pensait faire face à ses émotions et prendre son courage à deux mains en faisant cela, finalement décidé à partir, mais une fois de plus il tentait de fuir. Il tentait de fuir le regard d'Ophelia pour éviter de se confronter aux séparations déchirantes. Il n'avait pas fait tout ce chemin pour s'en aller comme ça sans dire au revoir. Sa gorge était serrée, son cœur s'était mit à rebattre la chamade. Les larmes lui montaient aux yeux et sa tête était dirigée vers le sol. Allez. Plus qu'un peu. Rien qu'un peu. Il suffisait juste de prononcer deux mots. Il n'y avait plus de questions à se poser. Il n'y avait pas de regrets à avoir. C'était sa décision depuis le départ. Un peu de force. Un peu de volonté.
    Les yeux brillants, Valerio fit volte-face et se redirigea vers Ophelia avant de la prendre dans ses bras avec force. Il ne voulait pas la lâcher. Il ne voulait pas que ça s'arrête. C'était peut-être la dernière fois avant un moment qu'il pourrait bénéficier d'une telle proximité. Une dernière fois avant de la laisser prendre son envol dans sa vie. La voix tremblante sous l'émotion, la gorge serrée, il parvint tout de même à prononcer de façon étranglée :

« Tu vas me manquer. Terriblement me manquer. »

    Il laissa une petite larme de plus couler sur sa joue. Il serrait Ophelia avec force contre lui, bien que son corps tremblait. Il serra ses lèvres entre elles comme pour éviter de laisser s'échapper un sanglot. Juste quelques secondes de plus. C'était tout ce qu'il demandait. Quelques secondes de plus avant de couper les fils de leur enfance et de s'enfoncer dans le présent et le monde des adultes. Juste quelques secondes de plus.
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Jeu 15 Sep - 7:52
Ophelia n’aurait pu espérer recevoir de plus grands remerciements que l’émotion qu’elle lut sur le visage de son cousin alors qu’il prenait connaissance de ce qu’elle lui donnait. En toute vérité, elle aurait pu lui donner le monde entier si elle avait su que c’était ce dont il avait besoin pour rester en sécurité, et plus encore. Peut-être était-ce un désir égoïste, de ne demander que la certitude qu’il resterait sain et sauf, et pis encore, un espoir idiot et vain, puisque rien ne pouvait prédire ce que Raijin avait en réserve pour l’héritier Thorpe. Ses prières et ses pensées l’accompagneraient, et celles-ci devraient suffire, tout comme elle devait croire que la pierre qu’il avait attaché à son poignet, au grand bonheur de la jeune femme, l’aiderait à traverser les obstacles qui se trouveraient sur sa route. Un faible merci traduisit dans la voix de Valerio toute l’émotion qu’il ressentait, miroitant le sentiment oppressant que sa cousine ressentait elle-même. Son cœur battait contre sa cage thoracique, comme un oiseau tenu dans une cage trop étroite, et elle se sentait si petite, si restreinte qu’elle aurait voulu crier, mais elle savait que sa voix l’abandonnerait dès l’instant où elle voudrait le retenir.

Habillé ainsi, le foulard bien installé sous le manteau blanc destiné à affronter de multiples intempéries, l’agate reflétant à peine la lumière de la bougie à son poignet, sa chevelure rousse attirant toujours le regard, il avait l’air de l’un de ces héros de romans, et il le savait, elle en était certaine. À bien y penser, après avoir passé tant d’années à jouer aux aventuriers et à le voir rêver d’un monde plus grand, plus vaste, plus juste, elle aurait dû prévoir qu’il ne pourrait se contenter d’un rôle lié davantage à la tradition et aux sacrifices qu’au mérite et à la droiture. Ophelia ne doutait cependant pas que son cousin ne soit pas fait pour la vie de la noblesse, ayant un talent pour la diplomatie dont elle ne pouvait que suivre l’exemple, et elle espérait qu’un jour, elle aurait le plaisir de servir un chef de famille aux ambitions aussi bienveillantes et idéalistes que Valerio. Peut-être aurait-ce été possible s’il avait seulement accéder de succéder à son père et aurait fait de son mieux avec le statut qu’il aurait alors eu, ou peut-être pas. Dans tous les cas, ce n’était pas ce qui devait arriver. Il était prêt à partir, maintenant, ne voulant pas s’encombrer de plus de provisions, refusant poliment de l’accompagner jusqu’aux cuisines, n’importe quoi pour qu’il reste un peu plus longtemps. Comme une enfant s’agrippant aux jupes de sa mère. Elle aurait dû rougir de honte à cette pensée, mais la jeune noble n’arrivait pas à regretter : la tristesse outrepassait toute autre sentiment qu’elle aurait bien pu avoir.

Valerio avait l’air heureux, pourtant, optimisme même, encouragé par l’espoir. Un baume sur le cœur de la jeune blonde qui ne cessait de se serrer douloureusement, ne pouvant maintenant plus ignorer le sujet du départ, un morceau d’elle se brisant petit à petit, comme s’il devait partir avec son ami d’enfance. Peut-être était-ce une bonne chose, qu’il parte avec une partie de son cœur, qu’il le garde près de lui; de quoi lui rappeler que, peu importe la distante ou les événements, elle restait là. Même s’il l’oubliait, s’il ne revenait jamais et trouvait le bonheur dans des contrées inconnues loin de ceux qui l’avaient vu grandir, un bout de son âme l’accompagnerait.

L’idée d’un projet commun avec le rouquin lui arracha un sourire, bien que la mélancolie s’imposât d’elle-même à la mention de Valente. Il serait en effet bien amusant de le voir après toutes ces années, seulement pour lui remettre un cadeau de leur part et observer sa réaction, savoir s’ils lui avaient manqué, agir comme si cette longue absence n’avait jamais eu lieu. Une offrande de paix de deux mages à un Inquisiteur, de deux jeunes à un ami qu’ils avaient perdu de vue trop longtemps, un symbole de tout ce qu’ils ne pouvaient pas dire ni même ressentir à cause de la marque qui colorait leur peau. Ce qu’Ophelia n’aurait pas donné pour que Valente soit là, en ce moment, parmi les vestiges de leur enfance et complice à nouveau de secrets destinés à eux seuls. Dans une autre vie peut-être, Valerio n’aurait pas eu à prendre la route seule, et son jumeau aurait eu ses propres charmes et cadeaux de la part de sa cousine, et celle-ci leur aurait souhaité bonne route avec le sourire, confiante qu’ils veilleraient l’un sur l’autre.
Mais elle s’égarait.

Faisons-le. Dès ton retour. J’ignore quand ça sera, mais c’est une promesse. Un cadeau pour Valente, de notre part.



Son petit sourire n’était pas exempt de tristesse, mais la tendresse y était évidente. Pour rien au monde, elle n’abandonnerait l’espoir de retrouver un brin de bonheur auprès des deux garçons qui avaient fait son enfance. Cette nuit-là était la fin de l’innocence, les derniers effluves d’un bonheur auquel elle s’était accrochée tant qu’elle l’avait pu. Mais autour d’elle, on avait changé, on avait vieilli, et elle devait faire de même, au risque de se retrouver seule. Elle ne put se pencher bien longtemps sur cette réflexion, puisque d’un seul coup, prenant sa cousine par surprise, il se leva du lit, levant les bras dans les airs et s’exclamant assez fort pour qu’elle s’inquiète un instant d’avoir réveillé les quelques domestiques dormant pas loin de l’aile où se trouvait sa chambre. Cependant, seul le silence accueillit ces paroles, qui ne connurent aucune continuité, que le bruit des pas de Valerio qui se dirigeait d’une démarche décidée vers la fenêtre grande ouverte, comme s’il avait oublié sa présence et la laissait derrière lui, ne désirant regarder à nouveau ni prendre la peine de lui dire au revoir. Incapable de bouger ni même de respirer, Ophelia regarda la silhouette s’éloigner, de plus en plus flou à travers les larmes qui lui montaient aux yeux, librement cette fois. C’était si rapide, trop rapide, trop froid et impersonnel, et elle n’était pas prête, cela ne pouvait pas finir ainsi. Elle ouvrit la bouche, tremblante, mais sa voix lui fit défaut, que le vide, elle le savait, c’était si serré, son cœur broyé, elle avait mal, et malgré tout,rien ne sortait

Lorsqu’il s’arrêta, à mi-chemin entre le lit et la fenêtre, Ophelia n’attendit même pas qu’il se retourne ou qu’il lui adresse la parole. Se précipitant vers lui, elle se jeta dans ses bras dès qu’il les ouvrit pour l’y accueillir, le serrant comme si elle n’aurait jamais plus la chance de le faire. L’étreinte de Valerio n’était pas bien différente, l’enlaçant jusqu’à ce que ses muscles se plaignent, mais elle n’en avait que faire. Elle ne voulait pas le laisser partir. Elle pria Raijin, Chi, n’importe qui pour que le temps s’arrête à cet instant. Avec ses cousins, dans sa demeure familiale, elle était heureuse, et elle n’avait que faire du futur si cela venait menacer le bonheur qu’elle avait toujours connu.

Tu vas me manquer. Terriblement me manquer.



La jeune femme rouvrit les yeux, ne réalisant pas qu’elle les avait fermés, les larmes glissant librement sur ses joues, traîtres silencieuses d’émotions qu’elle ne pouvait plus contenir. Elle ne prit pas la peine ni de les cacher, ni de les essuyer, alors qu’elle serrait seulement son cousin plus fort contre elle, craignant trop que sa voix l’abandonne à nouveau pour tenter de mettre en mot la détresse qui la secouait en ce moment. Elle ignorait si elle pouvait le supporter une seconde fois. Cependant, elle ne pouvait le laisser partir sans lui avoir fait ses adieux, et elle devait le regarder s’en aller, elle le savait. Elle prit donc encore quelques instants de silence pour profiter de sa présence, pour graver le moment dans sa mémoire. Lorsqu’elle reprit la parole, ce fut d’une voix tremblotante, à peine plus élevée qu’un murmure.

Reviens en vie.



La gravité des propos était peut-être exagérée, mais de tout ce que la jeune noble aurait voulu dire, de toutes les promesses de bien prendre soin de lui qu’elle aurait voulu avoir de sa part, c’en était le résumé, l’essentiel de ce qu’elle souhaitait. Le bonheur, la paix, l’accomplissement, toutes les réponses qu’il cherchait, tout cela lui viendrait si seulement il pouvait s’en tenir à cette unique chose, pourtant si difficile dans un monde qui ne cherchait qu’à éliminer les plus faibles au profit des plus forts.

Je t’attendrai. Quand tu auras tes réponses, quand tu auras fait tout ce que tu as besoin de faire pour pouvoir faire face à toi-même, je serai là pour t’accueillir. Tu seras toujours chez toi ici.



Finalement, elle releva son visage, ses yeux plongeant dans celui émeraude de son cousin l’espace de quelques secondes, exprimant tout ce qu’elle aurait voulu dire et plus encore, et pourtant habité d’une détermination nouvelle. Doucement, tout doucement, elle lâcha Valerio, se reculant de quelques pas, croisant ses mains sur le devant de la jupe de sa robe de nuit de soie, une position qui la calmait, lui rappelait le contrôle de soi qu’une noble devait avoir en tout temps.

Tu vas me manquer à moi aussi.



Avec ces dernières paroles, elle lui offrit un sourire, le plus doux qu’elle pouvait lui faire en ce moment, apaisant, tendre, émue, douloureux, encourageant. D’un mouvement de tête, elle le salua une dernière fois. Un dernier au revoir.
Elle n’était pas plus prête à le voir partir. Mais c’était le moment.

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Valerio Thorpe
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Jeu 15 Sep - 18:46
    Les larmes de Valerio ne voulaient pas s'arrêter de couler. Si il parvenait toujours à retenir ses sanglots, ses pleurs continuaient d'affluer, devant de plus en plus puissant chaque seconde qui passait. Entendre Ophelia pleurer, la sentir s'accrocher à lui de plus belle, lui faisaient ressentir le poids de ses décisions et de tout ce qu'il laissait derrière lui. Son cœur lui donnait l'impression d'être broyé, déchiré, et bien plus encore. Intérieurement, il considérait qu'il n'avait pas le droit de pleurer, il n'avait pas le droit de geindre, de se plaindre de la décision qu'il avait prise de lui-même. Mais ses sentiments allaient à l'encontre de la rationalité. La douleur était tellement grande qu'elle ne pouvait pas être ignorée, comme plaie béante se trouvant à la vue de tous. Son étreinte se faisait de plus en plus puissante, comme pour imprimer à l'encre indélébile ces derniers moments passés ici.
Les mots de la jeune femme faisaient accélérer son cœur bien amoché. Il y avait dans ces mots, une série de promesses que l'un et l'autre devrait tenir. Rester en vie. Valerio était quelqu'un qui avait du mordant. Quelqu'un qui ne lâchait aucunement prise et qui s'accrochait avec force au moindre petit résidu de vie qu'il pouvait trouver. Il voulait honorer cette promesse que sa cousine lui avait donné. Il voulait s'y tenir. Son voyage n'était pas simplement un voyage pour trouver des réponses. La base de ce voyage était de partir pour mieux revenir, et enfin faire les choix qui décideraient du chemin qu'il suivrait sûrement pour le restant de ses jours. Il laissa s'échapper un faible ''Je te le promet'' presque étranglé dans ses sanglots. Il n'avait pas le droit de la laisser seule pour de bon. Il ne voulait pas lui infliger cette peine.
    Savoir que quelqu'un vous attend au retour. Savoir que quelqu'un croira en vous jusqu'à la fin. Savoir que quoi qu'il arrive, vous ne serez jamais oublié. Voilà le genre de réconfort dont une personne telle que l'héritier des Thorpe avait besoin. Au moins un petit endroit, même s'il n'était pas grand, qu'il pouvait appeler une maison. Un endroit où sa solitude perpétuelle s'envolerait et où il pourrait se remémorer avec force que malgré toutes les mauvais moments par lesquels il pouvait passer, il avait tout de même la chance de pouvoir se réfugier quelque part. Même en étant un fugitif. Il avait de la chance de posséder dans sa vie ce qu'il pouvait qualifier de précieux. Un point de repère où il pouvait toujours revenir si jamais il était perdu dans le noir. En venant chez Ophelia ce soir là, il s'était perdu dans des chemins embrumés, qui lui laissaient penser que l'espoir avait disparu de sa vue. Mais il avait retrouvé la lumière au bout du chemin, et son cœur s'était allégé. Il s'était souvenu qu'il avait réussi à vivre jusqu'à là. Il s'était souvenu qu'il n'avait jamais abandonné et que ce soir là ne devait pas faire exception à la règle. La jeune femme ne s'était probablement pas rendu compte à quel point la voir avait été d'une grande aide ce soir. Elle l'avait toujours été de toute façon. Aussi loin qu'il se souvienne. Il était tellement heureux que cette nuit n'ai pas altéré leur relation. Elle s'en était retrouvée grandie, et Valerio avait enfin l'impression de ne plus rien cacher. Il avait l'impression d'être enfin libre. Cette liberté qu'il cherchait à avoir perpétuellement dans sa vie. Cette liberté appelée espoir.
    Lorsqu'Ophelia relâcha son emprise, Valerio se retint de garder ses mains dans les siennes et la laissa s'éloigner doucement de lui, aussi douloureux que cela pouvait être. Ses joues étaient inondées, aussi inondées que celles de sa cousine. Ses lèvres tremblaient encore sous l'émotion. Les mots lui manquaient dans ce moment pourtant crucial. Ses yeux émeraude essayaient de capturer, bien que sa vue soit flou à cause de ses larmes, les traits du visage de la jeune femme, comme s'il s'agissait de la dernière fois qu'il la voyait. Il l'avait vue grandir à ses côtés pendant tant d'années. Il avait vu ce même visage changer au fil du temps. Il se souvenait de chacune des fois où la jeune femme prenait ne serais-ce qu'un centimètre, quand ils s'amusaient à comparer leur taille sur un mur. Il se souvenait de ses cheveux qui devenaient progressivement plus long. Comment serait-elle la prochaine fois qu'il la verrait ? Serait-elle complètement changée ? Il tenta de ne plus se poser ces questions. Il devait simplement se contenter de cette dernière image. Le sourire qui vint s'ajouter à cette dernière image eût l'effet d'un baume à son cœur. Ses peurs ne s'étaient pas complètement dissipées, mais elle s'étaient atténuées. Le silence qui régnait désormais dans la salle n'était plus le silence lourd d'émotions qui les avait oppressé quelques minutes plus tôt. L'atmosphère était plus légère, bien que toujours émouvante. Ses mots ne venaient toujours pas. Et pourtant, il ne voulait pas partir sans rien dire. Il était resté là à la fixer intensément, à chercher les mots dans son esprit. Chercher les mots appropriés. Puis il décida qu'il avait assez attendu. Se décidant à parler avec son cœur, il se rapprocha doucement de la jeune femme et vint déposer un baiser sur son front. Il fit par la suite un pas en arrière et souris avec douceur à Ophelia, avant de lui dire d'une voix décidée :

« Quoi qu'il arrive, nous serons toujours une famille. »

    Toujours. Il ne lâcherait jamais prise. Tout comme il ne lâcherait pas prise pour Valente. Tout comme il ne lâcherait pas prise pour revenir de son voyage et pouvoir être heureux, avec une famille pour laquelle il ne cacherait rien. Valerio fit quelques pas en arrière. Il gardait ses yeux rivés sur la jeune femme avec qui il avait passé tant de temps. Chacun des pas était lourd de sentiments. Leur écho brisait la glace qui lui permettait de voir leur souvenirs communs, pour qu'ils ne puissent plus se retourner.

« Au revoir Ophee. »

    Le rouquin ramena alors la capuche de son long manteau blanc sur sa chevelure. Il fit volte-face vers sa porte de sortie. Il resta un moment à regarder l'extérieur, à profiter du calme ambiant. Il prit une grande inspiration et parti par là où il était rentré, se réceptionnant aussi silencieusement qu'il le pouvait sur le sol. Il ne releva pas la tête vers la chambre d'Ophelia. Il marcha vers la sortie du manoir Thorpe, passant à côté de son lui passé, écoutant son rire lointain résonner dans ses oreilles avant de s'évaporer dans la nuit. Le regard planté devant le chemin qui s'ouvrait désormais à lui, Valerio s'engouffra dans la pénombre avant de disparaître et de ne laisser derrière lui, que le souvenir du jour où l'on l'appelait l'Héritier des Thorpe.


"Pour que nos souvenirs

soient heureux"
Feat Ophelia.

FIN

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Pour que nos souvenirs soient heureux [feat Ophelia][TERMINE]
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